par Jean-Marie Mercadal, Directeur Général Adjoint en charge des gestions d’OFI AM
Les marchés corrigent les excès de pessimisme nés de la crise des dettes souveraines : les actions bénéficient des fameux “achats à bon compte” et l’euro enraye sa chute. Quel scénario pour les prochains mois ?
Les marchés actions ont finalement rebondi après l’une des pires corrections mensuelles observée à Wall Street depuis 50 ans. Le support techniqueimportant de l’indice S&P500, situé à 1040 points, n’a pas été cassé et les principaux indices ont rapidement regagné 6 à 7% à la faveur d’une amélioration du climat dans la zone Euro (révision en hausse de la croissance par la BCE de 0,8 à 1% pour cette année!) et surtout de la reprise spectaculaire des exportations chinoises de 50% en mai, qui a rassuré sur la croissance internationale.
Cependant, les conditions de marché restent encore très particulières et la confiance des investisseurs est fragile. La crise de 2008/2009 a été particulièrement atypique et le processus d’assainissement de l’excès d’endettement risque de durer. De ce fait, les marchés devraient continuer à évoluer dans des «trading ranges» au cours des prochains mois, avec des phases de forte volatilité: par exemple de l’ordre de 3400/4100 sur l’indice CAC40.
Volatil et incertain, oui, mais nous ne croyons cependant pas au retour d’un marché fortement baissier sur les actions :les bénéfices des entreprises apparaissent bien orientés et assez solides, même si les prévisions 2011 semblent optimistes compte tenu des plans d’austérité qui vont peser sur le potentiel de croissance. Mais les taux monétaires vont rester bas et les valorisations sont à un faible niveau : l’indice des actions internationales MSCI Monde capitalise ainsi 11,5x les bénéfices attendus pour cette année. Aux États-Unis, le «bénéfice par unité d’indice S&P 500» est attendu à 83 dollars pour 2010, ce qui donne un PER de 13. Il est attendu à 93 en 2011. Cette estimation est toutefois susceptible d’être révisée à la baisse.
En Europe, le PER 2010 de l’indice DJ Stoxx 600 est de 11. De plus, les valorisations relatives des actions et des obligations gouvernementales ont rarement été aussi favorables aux actions : en Europe, le rendement des actions est de près de 4% contre des taux longs à moins de 3% en France et en Allemagne.
Du côté des taux d’intérêt, le timing semble également propice pour revenir sur le segment des obligations «High Yield»: en moyenne, les fonds de ce segment ont perdu de l’ordre de 5 à 6% depuis fin avril. Les spreads se sont ainsi tendus de l’ordre de 200 pb, si bien que l’on retrouve des rendements de 8 à 10% pour des maturités de 4/5 ans, ce qui est très attractif dans le contexte actuel. Le taux de défaut devrait encore diminuer selon Moody’s au plan mondial : il devrait ainsi passer à moins de 3% contre 12,5% fin 2009.