par Charlotte de Montpellier, Senior Economiste chez ING
En novembre, le climat des affaires français est resté stable et supérieur à sa moyenne de long terme, dépeignant une situation très différente que les indicateurs PMI. Nous continuons de penser que la situation économique se détériore.
Climat des affaires et PMI évoluent en direction opposée
Le climat des affaires en France est resté stable en novembre, à 102 soit un niveau supérieur à sa moyenne de long terme. Selon l’indicateur, la situation conjoncturelle se détériore quelque peu dans l’industrie, le bâtiment et les services, mais s’améliore dans le commerce de gros. Les carnets de commandes industrielles et la demande prévue dans les services se détériorent, tandis que les pressions inflationnistes semblent se renforcer, selon l’indicateur.
Ces données sont surprenantes car elles tranchent nettement avec les indices PMI pour le mois de novembre publiés hier. L’indice PMI composite pour la France est tombé, pour la première fois depuis février 2021, en-dessous du seuil de 50, synonyme d’une contraction de l’activité économique, et s’est établi à 48.8. Alors que l’indice pour le secteur manufacturier continue sa chute entamée en juin pour atteindre 49.1, c’est surtout l’évolution dans le secteur des services qui est notable : pour la première fois depuis 20 mois, l’indice est tombé en contraction, à 49.4. L’indice PMI indique donc que le contexte d’inflation et de pouvoir d’achat plombé ont mis fin à la croissance du secteur des services qui avait été permise par la levée des restrictions sanitaires. Cela marque donc la fin du soutien des services à la croissance économique française et devrait conduire à une contraction du PIB au quatrième trimestre.
Concernant l’inflation, la situation dépeinte par les indices PMI est également fondamentalement différente de celle qui ressort du climat des affaires : selon ceux-ci, l’inflation des prix d’achats et celle des prix payés se sont repliées pour tomber au point le plus bas depuis 9 mois, bien que toujours largement supérieures à leur moyenne de long terme. La baisse est encore plus marquée dans le secteur manufacturier. Selon l’indice PMI, l’inflation pourrait donc avoir atteint son pic en France. Bien que toujours très élevées, les pressions inflationnistes semblent avoir commencé à diminuer.
Des perspectives incertaines
Face à deux indicateurs censés dépeindre la même situation évoluant de manière si différente, il est difficile de tirer des conclusions claires en termes de prévisions pour l’économie française. Si les plus optimistes préféreront probablement croire le climat des affaires, les indices PMI semblent avoir été meilleurs, au cours des derniers mois, pour prévoir l’activité économique française. Nous continuons de penser que les perspectives économiques française sont marquées par un affaiblissement de la demande domestique et étrangère, un repli des nouvelles affaires et de l’incertitude. L’élan donné par le secteur des services à l’activité semble avoir pris fin et l’industrie ne semble pas prête à devenir le nouveau moteur de la croissance. Le marché du travail commence à montrer des premiers signes de faiblesses, ce qui devrait se traduire par un ralentissement de la croissance de l’emploi. La croissance du PIB devrait donc être plus faible au quatrième trimestre qu’elle ne l’a été au troisième. Pour 2023, nous craignons toujours sur une petite contraction de l’activité sur l’ensemble de l’année.