par César Perez Ruiz, Responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management
Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a prononcé un discours de fermeté vendredi dernier à Jackson Hole, tout en affirmant que la Fed procéderait avec prudence pour contrer une inflation jugée trop élevée. L’évolution des prix déterminera donc la trajectoire de la politique monétaire. Nous surveillerons cette semaine l’indice des dépenses de consommation des ménages – l’indicateur d’inflation préféré de la Fed – et les chiffres de l’emploi pour le mois d’août. Après le discours de Jerome Powell, le rendement des bons du Trésor à deux ans, sensible à la politique monétaire, a gagné 5 pb, tandis que le rendement du 10 ans restait inchangé. Sur une note plus négative, les demandes de prêts hypothécaires ont chuté à leur plus bas niveau depuis 1995, alors que le taux hypothécaire de référence atteignait un sommet inédit depuis décembre 2000. Un acteur majeur du segment de l’intelligence artificielle (IA) a publié des résultats meilleurs qu’attendu sans que le cours de son action progresse réellement, ce qui suggère que le positionnement des investisseurs était déjà très positif. Nous sous-pondérons les actions américaines et surpondérons la dette investment grade en dollars.
En Europe, l’environnement économique se détériore, notamment en Allemagne. Selon les récents indices des directeurs d’achat (PMI), l’activité des entreprises allemandes s’est contractée en août au rythme le plus rapide depuis trois ans et le secteur des services se situe de nouveau en territoire de contraction. Sur la même période, l’enquête Ifo montre que le moral des entreprises s’est dégradé pour le quatrième mois consécutif. Les prix à la production allemands ont de leur côté chuté de 6% au cours de l’année qui s’est achevée en juillet, ce qui témoigne de fortes pressions sur les marges des producteurs. En France, l’indice des directeurs d’achat (PMI) des services s’est encore contracté en août. Cette actualité a nui à l’euro, la parité EUR/USD passant sous les 1.08. Bien que l’emploi résiste, nous anticipons une croissance atone en Europe au cours des deux prochains trimestres. Au Royaume-Uni, les PMI ont également déçu et les ventes des petites entreprises se sont contractées de plus de 20% au cours de l’année écoulée. La livre a chuté vendredi dernier à un plancher de dix semaines.
La Banque populaire de Chine (BPC) a abaissé son taux de prêt préférentiel à un an. Mais elle a surpris les marchés en maintenant son taux à 5 ans inchangé, afin de préserver la rentabilité des banques. Reflet d’un contexte dégradé, les bénéfices des entreprises industrielles chinoises ont chuté de 6,7% par rapport à l’année précédente en juillet. La banque centrale a néanmoins accru les coûts de financement sur le marché offshore pour défendre le yuan. Parallèlement, les autorités chinoises ont réduit les taxes concernant les transactions boursières et se sont engagées à ralentir le rythme des introductions en bourse afin de renforcer la confiance des investisseurs. Lors d’une réunion du groupe des principales économies émergentes (les BRICS), la Chine a vigoureusement défendu l’idée d’une alternative au dollar. L’Argentine, l’Egypte, l’Ethiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont été invités à devenir membres des BRICS à partir de 2024, confirmant ainsi l’évolution vers un monde multipolaire. Cependant, l’assassinat du chef du groupe paramilitaire Wagner dans un accident d’avion pourrait réduire l’influence de la Russie en Afrique.