par Bénédicte Kukla, économiste au Crédit Agricole
- Les indicateurs avancés du Crédit Agricole signalent une accélération de l'activité au 2e trimestre 2010. Les données d'enquête indiquent un rythme de croissance plus soutenu (+0,5 % t/t) que les données d'activité (+0,4 % t/t).
- Au vu de la fragilité de l'économie espagnole, nous maintenons notre prévision initiale de croissance du PIB de +0,3 % t/t pour le 2e trimestre 2010.
- Après le rebond du 2e trimestre, les indicateurs avancés indiquent un ralentissement de la croissance du PIB au 3e trimestre.
Après avoir lentement émergé de la récession au 1er trimestre, l'économie espagnole semble avoir à nouveau enregistré un trimestre de croissance positive.
Pour le quatrième mois consécutif, les enquêtes PMI des directeurs d'achat font état d'une reprise de l'activité, portée par l'embellie dans le secteur manufacturier qui compense la faiblesse persistante du secteur des services. C'est aussi ce qu'il ressort de l'indicateur du climat économique de la Commission européenne ; la confiance dans le secteur industriel gagne 6 points, alors que dans les services, un recul de près de 4 points est observé au cours de la même période. L'industrie espagnole a profité d'une amélioration des anticipations de production, qui se situaient, il est vrai, à un niveau historiquement bas. Dans le secteur de la construction, la confiance s'est améliorée de 0,6 point seulement : le redémarrage de l'activité dans ce secteur clé reste peu probable à ce jour.
Du côté du consommateur, alors que le chômage a atteint 19,9 % en mai (estimations Eurostat), la confiance s'est encore dégradée, perdant 4 points au 2e trimestre. Les dépenses de consommation sont néanmoins attendues en légère hausse au 2e trimestre. En effet, en prévision de la hausse de la TVA de 2 points intervenue en juillet, les consommateurs ont probablement anticipé leurs dépenses de consommation. L'impact devrait cependant être modéré, comme en témoigne la confiance toujours très faible dans le secteur des ventes de détail, avec un gain de seulement 1,5 point au cours du dernier trimestre.
D'une manière générale, les enquêtes de conjoncture pointent vers la bonne direction, mais l'amélioration n'est que très modeste par rapport au premier trimestre.
Du côté des données d'activité, les résultats du 2e trimestre sont relativement mitigés. Sur le front de l'offre, la hausse de la production industrielle s'est poursuivie en mai (+3,3 % a/a, contre +2,3 % a/a en avril). En supposant un rythme de progression identique en juin, l'activité industrielle aura crû de 0,8 % t/t au 2e trimestre, après une contraction de 0,2 % t/t sur les trois premiers mois de l'année. En revanche, la demande intérieure reste faible. Après une courte période d'embellie en mars, les chiffres des ventes de détail sont négatifs pour le deuxième mois consécutif en mai (-1,9 % a/a, après un repli de 2,4 % en avril). Le redressement de la demande extérieure et les éventuels ajustements des stocks sont probablement les deux principaux facteurs de soutien de la production.
Compte tenu de la fragilité de l'économie espagnole, nous restons prudents et maintenons notre prévision de croissance au 2e trimestre, à +0,3 % t/t. Plusieurs problèmes structurels entravent le redémarrage de la croissance. L’environnement plus incertain, ainsi que la nette détérioration du marché de l'emploi, incitent les ménages à épargner davantage au détriment de la consommation. Face à ces perspectives de demandes médiocres, l'investissement devrait rester particulièrement affaibli. La baisse de l'euro et la reprise de l'activité chez les principaux partenaires commerciaux de l'Espagne devraient toutefois avoir un impact positif, quoique modeste, sur la croissance du PIB en 2010.
Cependant, le léger rebond de la croissance au 2e trimestre devrait progressivement s'estomper au 3e trimestre. Les premiers indicateurs avancés de juillet suggèrent que l'économie espagnole restera nettement à la traîne des autres grands pays de la zone euro.