Recalibrage de la politique monétaire

par César Perez Ruiz, Responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management

La décision de la Fed de «frapper fort» en abaissant le taux des Fed Funds de 50 pb a dopé les marchés boursiers la semaine dernière. Cette baisse des taux significative, associée aux chiffres positifs du secteur manufacturier et des ventes de détail aux Etats-Unis, a renforcé l’hypothèse d’un«atterrissage en douceur» et permis au S&P 500[i] de gagner 1,4% (en dollars) ainsi que d’établir un nouveau record. Sans surprise, les secteurs cycliques ont été les grands gagnants, tout comme les petites capitalisations (le Russell 2000[ii] a progressé de 2,1% en dollars), tandis que les valeurs défensives restaient à la traîne. Le Stoxx Euro 600 a chuté, sur fond de repli du marché britannique et d’inquiétudes concernant le secteur automobile, mais la faiblesse du dollar a permis au MSCI EM[iii] de s’adjuger 2,3% (en dollars). La courbe des rendements souverains américains s’est pentifiée, les rendements à deux ans restant stables alors que les rendements à 10 ans augmentaient. Le dollar a reculé par rapport à la livre et – dans une moindre mesure – par rapport à l’euro, mais il a progressé par rapport au yen, sur fond d’hésitation de la Banque du Japon à durcir sa politique. Les cours du pétrole ont bénéficié de la baisse des taux américains et de la diminution des stocks de brut, mais les cours de l’or sont restés stables.

Jerome Powell veut tout faire pour assurer un atterrissage en douceur et se montre peu disposé à accepter une nouvelle dégradation du marché du travail. Le taux des Fed Funds étant toujours nettement supérieur au niveau neutre du FOMC, nous anticipons une nouvelle baisse des taux de 50 pb en novembre, suivie d’une réduction de 25 pb en décembre. Si le marché s’est longtemps concentré sur la Fed, les révisions négatives de bénéfices représentent aujourd’hui un risque, comme en ont témoigné les mauvais résultats d’un prestataire logistique américain et l’avertissement sur bénéfices d’un constructeur automobile européen. Le potentiel de hausse des actions nous paraît dès lors limité et nous visons un transfert des liquidités vers les obligations. Reste à savoir si la baisse des taux stimulera la croissance économique, qui constitue un moteur essentiel pour les bénéfices. A cet égard, il conviendra de surveiller les indices des directeurs d’achat (PMI) attendus cette semaine. La montée des tensions au Moyen-Orient suggère que le risque d’une guerre totale entre le Hezbollah et Israël va se matérialiser dans les semaines à venir ou ira en diminuant. Nous surveillons donc de près les actions de l’Iran et surpondérons l’or. Sur les marchés, nos thèmes 2024 des fusions-acquisitions et rachats d’actions sont renforcés parle plan de rachat d’un géant de la technologie et des rumeurs concernant une éventuelle fusion entre deux fabricants de puces.

NOTES

[i] Source: Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Performances passées, S&P 500 Composite (rendement net sur 12 mois en dollars): 2019, 31,5%; 2020, 18,4%; 2021, 28,7%; 2022, -18,1%; 2023, 26,3%.

[ii] Source: Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Performances passées, Russell 2000 (rendement net sur 12 mois en dollars): 2019, 25,5%; 2020, 20%; 2021, 14,8%; 2022, -20,4%; 2023, 16,9%.

[iii] Source: Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Performances passées, MSCI EM (marchés émergents) (rendement net sur 12 mois en dollars): 2019, 18,9%; 2020, 18,7%; 2021, -2,2%; 2022, -19,7%; 2023, 10,3%.