par Astrid Liedes, Analyste ESG Listed Assets chez Sienna IM
En 2022, la COP15 biodiversité avait conclu l’accord Kunming-Montréal, fixant le cadre mondial de conservation de la biodiversité et qui engage notamment les pays à mettre sous protection 30 % des terres et des océans d’ici 2030.
Deux ans plus tard, la COP16, qui s’est achevée le 1er novembre, avait pour objectif de traduire ces engagements en actions concrètes. Cependant, seuls 44 pays sur 196, dont la France, ont soumis leur stratégie nationale sur la biodiversité.
La COP16 devait également décider du cadre de suivi de l’accord Kunming-Montréal afin de mesurer les progrès de chaque pays en matière de lutte contre l’effondrement de la biodiversité vis-à-vis de l’objectif mondial. L’objectif n’a pas été atteint et aucun accord autour de cet enjeu majeur n’a été conclu.
La COP17 devra donc faire un bilan des efforts réalisés, mais sans avoir déterminé auparavant les règles et les indicateurs de suivi.
La mobilisation des ressources financières a également constitué un point de blocage important. Aucune décision n’a été prise sur la mobilisation des 200 milliards de dollars par an, d’ici 2030, prévue par la COP15. Seul le fonds GBFF, sous l’égide de la Banque Mondiale, a obtenu un montant supplémentaire de 163 millions de dollars par an, afin de soutenir les pays du Sud dans l’atteinte de leurs objectifs de préservation de la biodiversité.
La COP16 biodiversité n’aura pas été à la hauteur des attentes, laissant des questions majeures en suspens, bien que quelques progrès aient été réalisés. Ces négociations n’augurent rien de bon pour la COP29 climat, qui est prévue en Azerbaïdjan du 11 au 22 novembre.
L’enjeu de la chute de la biodiversité n’a pas encore déclenché de réelle prise de conscience malgré les alertes. La BCE l’avait pourtant fait avec un rapport publié quelques jours avant la COP16, expliquant que l’économie européenne est menacée par l’érosion de la biodiversité. Selon la BCE, 72 % des entreprises de la zone euro (environ 3 millions d’entreprises), “dépendent de manière critique des services éco-systémiques et seront confrontées à d’importants problèmes économiques en raison de la dégradation des écosystèmes”.
Sans ces services éco-systémiques, des secteurs entiers de l’économie européenne ne pourraient plus fonctionner.