Risque cyclique global plus faible et perspectives moins troubles en Chine

par Maarten-Jan Bakkum, Global Emerging Markets Equity Strategist d’ING IM

Etant donné que les principaux indicateurs avancés viennent de connaître huit mois de baisse consécutifs, que l’indice de surprise économique de Citigroup a commencé à se redresser après être resté à des niveaux très déprimés et que plusieurs organismes ont ramené leurs prévisions de croissance du PIB US à des niveaux plus réalistes (c-à-d. inférieurs à 2%) pour 2011, nous pensons que les mauvaises nouvelles liées à la croissance mondiale devraient se faire plus rares.

Au fil des cycles, on a pu constater que les indicateurs avancés restaient orientés à la baisse pendant, en moyenne, 14 mois. Pour les actions émergentes, la période la plus critique commence généralement quelques mois avant que les indicateurs avancés atteignent leur pic et se termine environ six mois après ce pic. Sachant que ce schéma s’est avéré fiable dans le passé, nous avons été légèrement surpris par le niveau de volatilité de l’appétit au risque depuis que les marchés ont atteint leur plancher en mai.

En raison des craintes structurelles pesant sur les économies des marchés développés, la faiblesse des données US a eu un impact plus conséquent que d’habitude à ce stade du cycle. Il nous paraît raisonnable de penser que les marchés boursiers émergents pourraient avoir atteint leur plancher cinq mois après le pic des indicateurs avancés. Cela correspond tout du moins à ce qui a été observé dans le passé. Nous ne serions donc pas surpris si le creux atteint le 25 mai s’avérait être le plus bas du marché au cours de ce cycle.

Depuis le plancher du mois de mai, les actions émergentes ont repris environ 20 %. En soi, cela constitue une belle performance. Le seul problème réside dans le manque de cohérence au niveau de l’évolution des différents marchés émergents les uns par rapport aux autres. Voilà pourquoi nous avons qualifié l’appétit au risque de volatil. Le sentiment que les marchés ont désormais digéré la plus grande partie du risque cyclique augmente la probabilité d’une performance relative plus prévisible des pays et des secteurs au cours des prochains trimestres. Cela améliore les perspectives pour les marchés à bêta élevé plus risqués de notre univers. Mais cela signifie aussi que les marchés pourraient conserver une tendance de plus de quelques semaines, contrairement à ce que nous avons pu observer au cours de ces onze derniers mois.

La probabilité de performances relatives plus solides devrait s’accroître à mesure que nous nous approchons du moment où les marchés commencent à anticiper le plancher des indicateurs avancés. Dans l’hypothèse où les indicateurs avancés tomberaient à leur plus bas en mars 2011 (14 mois après janvier 2010) et sachant que les marchés commencent à anticiper une nouvelle tendance haussière quelques mois avant le creux, on peut s’attendre à des mouvements cycliques à partir de janvier.

En attendant, nous pensons que les marchés vont retrouver une orientation plus claire grâce à l’amélioration des perspectives en Chine. En raison des craintes de resserrement excessif et d’importantes augmentations de capital par les banques, le marché boursier chinois n’est pas parvenu à surperformer cette année. Au mois de mai, soit un mois après les sévères mesures de resserrement dans le secteur immobilier, la Chine a néanmoins commencé à surperformer les GEM, reflétant un recul des craintes de nouveaux resserrements. Mais depuis juillet, le marché connaît de nouveaux remous, les craintes d’un nouveau resserrement immobilier ayant refait surface et les autorités ayant imposé des coupures de courant aux entreprises sidérurgiques les plus polluantes.

Les perspectives de croissance pour la Chine sont plus claires aujourd’hui qu’elles ne l’étaient au cours de ces derniers mois. Il ne faut probablement pas s’attendre à de nouvelles mesures de resserrement étant donné le ralentissement économique actuellement en cours, la normalisation de la croissance des crédits après la flambée d’après crise et la décélération de la demande mondiale. Dans le secteur de l’immobilier privé, quelques mesures ciblées pourraient encore être prises afin de freiner la demande dans certaines villes et dans certains segments, mais cela ne devrait pas renforcer les craintes d’une accélération du ralentissement de l’économie chinoise. Le principal enjeu se situera au niveau de la croissance du commerce mondial et, plus important encore, des attentes relatives à la croissance du commerce mondial.

Compte tenu des informations tirées des principaux indicateurs avancés, de nos prévisions concernant l’économie mondiale et des effets de base, nous pensons que la croissance du commerce mondial va ralentir pendant encore trois trimestres et atteindre son plancher durant l’été de l’année prochaine, avec un taux en glissement annuel d’environ -3% (voir graphique ci-dessus). Cela signifie que les exportations chinoises seront orientées à la baisse jusqu’à l’été 2011, avec de sérieux risques pour la croissance du PIB en général. C’est la raison pour laquelle nous nous attendons à une politique d’assouplissement en Chine.

Cela devrait offrir un sérieux coup de pouce au marché boursier chinois. En outre, une surperformance du marché chinois devrait avoir un impact positif sur l’ensemble des marchés émergents, en particulier les pays exportateurs de matières premières, qui bénéficient le plus de la forte croissance des investissements chinois.