Autonomie européenne : les petites et moyennes capitalisations en première ligne

par Franck Sabbah, Responsable du développement international des activités de gestion d’actifs chez Berenberg

Depuis le début de l’année, le rebond des « Small & Midcaps » en Europe marque la fin d’un long cycle de baisse et le retour des investisseurs. Or, ce compartiment à nouveau attractif compte nombre d’entreprises innovantes en mesure de renforcer l’autonomie stratégique du Vieux Continent.

Le momentum s’avère enfin favorable pour les actions européennes. Un regain d’intérêt des investisseurs qui s’inscrit dans un contexte marqué par le début du retour des flux vers le Vieux Continent. En 2025, le volume des souscriptions nettes équivaut à 2,5% des actifs sous gestion, une dynamique témoignant d’un réel changement de perception des investisseurs mondiaux à l’égard des marchés européens. En outre, le plan du gouvernement allemand en soutien aux infrastructures devrait entraîner des retombées positives pour de nombreuses entreprises européennes de toutes tailles. Cette dynamique permet d’anticiper une croissance du PIB de la zone euro qui pourrait être portée à 1,5% en rythme annuel d’ici 2027. 

Dans ce contexte, le compartiment des « Small & Midcaps » se distingue tout particulièrement après trois années de sous-performance manifeste. Il a commencé son rebond début 2025 mais continue d’offrir des niveaux de valorisation très attractifs. Notons que même le segment des « Microcaps » (capitalisations boursières inférieures à 1Md€) est recherché en affichant une hausse de 15% depuis le début de l’année.

Cet environnement plus favorable aux petites et micro capitalisations dessine des opportunités aux investisseurs. Or, de nombreuses entreprises cotées de taille modeste contribuent à la souveraineté économique du Vieux Continent au sens large aussi bien dans les activités de défense mais aussi par leur expertise en matière d’efficience énergétique ou encore par leur soutien à la relocalisation des chaînes de production critiques. Des petites capitalisations émergent aussi bien dans le cloud que dans la cybersécurité ou l’automatisation pour renforcer l’autonomie numérique de l’Europe.

Sécurité informatique, approvisionnement énergétique etc. : des pépites européennes se distinguent

Parmi ces entreprises qui participent au renforcement de l’autonomie stratégique européenne, citons Secunet, une société allemande spécialisée dans la sécurité informatique à destination des gouvernements et des armées. Au premier semestre 2025, les revenus s’affichent à 171,7 M€, en hausse de 19% par rapport au S1 2024 et l’entreprise vise un chiffre d’affaires autour de 425 M€ pour l’année (406,4 M€ en 2024) avec une marge d’EBIT comprise entre 9,5 et 11,5%. Son business model axé sur la fourniture de services clés à des acteurs souverains lui assure une forte visibilité pour les prochaines années. Réalisant encore 90% de son activité avec l’Etat allemand, Secunet souhaite toutefois accroître son développement auprès d’organisations internationales (OTAN, UE) et de régions à fort potentiel de croissance. 

En France, mentionnons l’entreprise d’ingénierie GTT(Gaztransport & Technigaz). Installée à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, GTT est spécialisée dans la conception de membranes dédiées au transport maritime et au stockage du gaz liquéfié (GNL). Au premier semestre, ses revenus ont progressé de 32% à 389 M€ avec une marge brute à 68% (vs. 60% au S1 2024). Alors que l’Europe cherche à réduire sa dépendance au gaz russe depuis plusieurs années maintenant, on estime que 2/3 des volumes actuels en provenance de Russie vont être remplacés par du GNL. Ce gaz plus facile à transporter et à stocker. Le marché est en plein essor et nécessite des acteurs européens aux capacités technologiques confirmées, capables d’absorber la demande croissante. En 2025, le chiffre d’affaires devrait ressortir dans une fourchette comprise entre 750 et 800 M€.