par Dr. Reto Cueni, Chief Economist chez Vontobel AM
Hier, ce sont déroulés les élections allemandes aux termes duquel le SPD a obtenu 206 sièges dans le nouveau Bundestag, soit 53 sièges de plus que lors du dernier essai en 2017. La CDU/CSU atteint quant à elle 196 sièges (-50) et les Verts 118 (+51). D’un point de vue économique, la grande nouvelle est qu’une potentielle coalition de gauche entre le SPD, les Verts et Die Linke ne pourrait pas atteindre la majorité, ce qui réduit considérablement l’incertitude pour les marchés avant les négociations de coalition.
Les négociations de coalition ne devraient pas être au centre de l’attention des marchés financiers, car dans tous les cas, l’un des anciens partis au pouvoir sera le nouveau leader de la coalition. Nous considérons toujours qu’une coalition « Feux tricolores » (SPD, Verts, FDP) et une coalition « Jamaïque » (CDU/CSU, Verts, FDP) sont les résultats les plus probables, mais même une autre version de la grande coalition ou une coalition « Kenya » (SDP, CDU/CSU, Verts) est envisageable.
Des négociations difficiles en perspective
Nous nous attendons à des négociations assez difficiles, à l’instar de ce que nous avions connu après les dernières élections en 2017, lorsque la coalition gouvernementale avait été formée près de 6 mois après le jour des élections. Il faudra peut-être attendre 2022 pour que le gouvernement soit enfin formé, car la formation d’une coalition avec trois partis est généralement plus laborieuse.
Toutefois, les marchés ne devraient pas être très affectés par les négociations et les élections allemandes en général. Pour un investisseur international, les élections allemandes ne marqueront pas un grand changement pour deux raisons : premièrement, il est pratiquement impossible qu’un parti européen ou eurosceptique fasse partie d’une coalition gouvernementale, et deuxièmement, le parti le plus fort en Allemagne sera très probablement l’un des deux partis qui ont déjà gouverné le pays ces dernières années.
D’autre part, la formation rapide d’une coalition serait positive pour les marchés financiers, car à l’approche des élections françaises et de la menace eurosceptique de Marine Le Pen, la stabilité de l’euro et de l’UE pourrait être remise en cause. Il serait important pour les marchés de voir un leadership fort et solide en Allemagne avant la période critiques des élections françaises en avril 2022.
Comme le résultat des élections rend impossible une coalition gauche-vert-gauche (sauf dans le cas improbable d’un gouvernement minoritaire), nous pensons que les marchés allemands et européens ne seront pas impressionnés par les pourparlers et le résultat final de la coalition. Tant qu’il semble virtuellement impossible qu’un parti européen ou eurosceptique comme l’AfD (Alternative für Deutschland) puisse être impliqué dans une coalition gouvernementale, nous ne prévoyons pas d’impact significatif sur l’euro.