par Frederik Ducrozet, économiste au Crédit Agricole
Le taux de refinancement de la BCE reste inchangé à 1 %. Le niveau des taux est toujours jugé «approprié».
L’appel d’offres à douze mois du 30 septembre sera effectué au taux refi. La liquidité devrait rester excédentaire, et les taux interbancaire bas, au moins jusqu’en décembre.
Les nouvelles projections du staff de la BCE suggèrent une grande prudence vis-à-vis des perspectives de croissance et d’inflation à moyen terme.
Le statu quo de la BCE sur les taux directeurs ne faisait guère de doute lors de sa réunion du 3 septembre. Le président Trichet a néanmoins clarifié quelques points essentiels lors de la conférence de presse. D’abord, le niveau actuel des taux d’intérêt est toujours jugé « approprié » depuis le mois de mai dernier (refi à 1 %, taux de dépôt à 0,25 % et taux de prêt marginal à 1,75 %). Aucun changement n’est donc prévu à court terme sur ces taux de référence. Ensuite, le taux appliqué lors du second appel d’offres à un an de la BCE, le 30 septembre prochain, sera bien le taux de refinancement comme lors de l’opération du mois de juin. La BCE va donc dans le sens des anticipations de marché, même si certains avaient pu spéculer sur l’introduction d’un spread vis-à-vis du refi il y a deux mois, afin de limiter la demande adressée par les banques. Enfin, M. Trichet a précisé que la décision du Conseil des Gouverneurs avait été unanime.
La prudence reste de mise malgré les bons chiffres
La publication des nouvelles projections macro-économiques du staff des économistes de la BCE était également attendue pour juger d’un éventuel regain d’optimisme susceptible d’influencer en retour le Conseil des Gouverneurs. Certes, ces prévisions ont été globalement revues en hausse, mais l’impression qui s’en dégage est celle d’une extrême prudence vis-à-vis des perspectives de croissance et d’inflation à moyen terme. Les prévisions de croissance, en particulier, reflètent selon nous davantage un ajustement comptable suite aux bons chiffres du deuxième trimestre (France et Allemagne affichant un taux de croissance positif de +0,3 % t/t) qu’une prise en compte de la forte hausse des enquêtes de confiance. Le PIB est désormais attendu en baisse de 4,1 % en moyenne 2009 (contre -4,6 % précédemment), et la croissance ne serait que de 0,2 % en 2010 (-0,3% précédemment). Ces prévisions suggèrent des taux de croissance trimestriels très faibles, proches de zéro au deuxième semestre 2009 et légèrement positifs en 2010, une hypothèse confirmée par Jürgen Stark.
Le jugement sur la dynamique des prix en zone euro n’a que très peu évolué en trois mois. L’inflation est attendue en hausse de 0,4 % en 2009 (0,3 % précédemment) et 1,2 % en 2010 (1 % précédemment), soit encore nettement en dessous de la cible de 2 % de la BCE. Cette modeste révision à la hausse s’explique par une hausse des prix du pétrole pris comme input, à 78,8 USD par baril en 2010. En un mot, les nouvelles prévisions du staff plaident donc toujours pour un statu quo prolongé sur les taux de la BCE.
Sans pour autant ignorer les bons chiffres économiques de ces dernières semaines, M. Trichet s’est par ailleurs montré très prudent au cours de la conférence de presse.
La BCE considère que la balance des risques est équilibrée autour de son scénario central. En deuxième partie d’année, l’activité devrait être soutenue par des taux d’inflation faibles, un rebond des exportations, les effets du stimulus budgétaire et monétaire, mais aussi par une contribution positive du cycle des stocks dans les entreprises. Sur le thème du marché du travail, la BCE se montre un peu moins pessimiste en suggérant que la remontée du taux de chômage pourrait être moins forte que prévu.
« Rendez-vous » en décembre ?
La première décision que la BCE pourrait prendre concernerait la prochaine (et dernière, à ce jour) opération de refinancement à douze mois prévue le 16 décembre. M. Trichet a donné un de ses « rendez-vous » habituels en fin d’année pour décider d’un éventuel changement dans les conditions appliquées à cet appel d’offres. Pour le reste (maturités et taux des autres opérations de refinancement, gamme des collatéraux acceptés, ou encore rachats fermes de covered bonds), aucun changement ne devrait être annoncé avant le mois de décembre. D’ici là, la liquidité devrait rester excédentaire, et les taux interbancaires à court terme (Eonia, Euribor) proches de leur niveau actuel.