C’est maintenant acquis : plus personne ne croit à la thèse du “découplage” selon laquelle les pays émergents pouvaient continuer à croîtr
C’est maintenant acquis : plus personne ne croit à la thèse du “découplage” selon laquelle les pays émergents pouvaient continuer à croître alors que les pays développés subissaient un ralentissement économique voire une récession. Tout le monde est logé à la même enseigne : les pays occidentaux traversent la plus grave récession depuis la fin de la Seconde guerre mondiale et les pays émergents subissent un ralentissement brutal de l’activité. Les premiers mettent en oeuvre des politiques de relance mais personne ne croit qu’ils vont retrouver de sitôt les risques de croissance des dernières années. C’est un coup dur pour les seconds, qui dépendent beaucoup des exportations.
Comme le relevait récemment David Atkinson, spécialiste du risque pays chez Euler Hermes, les pays émergents sont en outre confrontés au rapatriement massif des investissements étrangers et à la baisse du prix des matières premières. C’est donc sans surprise que l’on voit les taux de croissance reculer fortement dans les pays comme la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie, pour ne citer que les principaux.
Le cas de la Chine est particulièrement éclairant. David Atkinson prévoit pour 2009 une croissance de seulement 7% (contre 11,9% en 2007, avant la dernière révision de Pékin à 13%, et contre une moyenne annuelle de 10,5% entre 2003 et 2006). Yves Zlotowski, économiste en chef de Coface, table sur un ralentissement du même ordre et soulignait lors du colloque annuel risque-pays de l’assureur-crédit cette semaine que des secteurs comme le textile, le jouet, l’automobile et la construction étaient particulièrement touchés. Il notait toutefois que les pays émergents disposaient de réserves de changes importants, représentant globalement un peu plus de 12 mois d’importation, cet indicateur atteignant pratiquement 20 mois pour la Chine et 9 mois pour l’Inde.
C’est loin d’être négligeable mais les pays émergents sont confrontés à un changement de modèle : après avoir bâti leur succès sur les exportations ces dernières années ils constatent aujourd’hui que la demande dans les pays occidentaux est en net recul. Alexandre Bourgeois, économiste chez Natixis, notait récemment que les exportations mondiales (mesurées par le Fonds monétaire international) avaient chuté de 24,3% en octobre, un record depuis la création de la statistique en 1957. Compte tenu de la situation internationale, on peut anticiper qu’il n’y a pas d’amélioration à court terme.
En outre, les flux financiers vers les pays émergents ont subi un coup d’arrêt depuis la faillite de Lehman Brothers en septembre. Les grandes banques internationales ont organisé ces flux ces dernières années et elles ne peuvent plus le faire aujourd’hui.
Conséquence : les pays émergents doivent compter désormais sur leur marché intérieur et donc stimuler la consommation. Bien sûr, cela ne suffira pas à compenser le baisse des exportations vers les pays riches mais cela permettra de créer sur place un environnement économique relativement protégé des chocs externes brutaux. Cette évolution, qui prendra quelques années, signifie que la mondialisation est entrée dans une nouvelle phase.