par Cyrille Geneslay, Gérant allocataire chez CPR AM
Il est des questions purement rhétoriques qui n’appellent pas de réponse concrète. Le genre de questions normées socialement dont le but n’est autre qu’entamer une conversation. Ainsi lorsque vous rencontrez un collègue à la machine à café ou une connaissance dans la rue, c’est le traditionnel « Bonjour, ça va ? » qui s’impose.
La réponse consacrée, « Bien et toi », est tout aussi mécanique, elle nous indique que les civilités peuvent se poursuivre normalement et que nous pouvons passer à de vrais sujets de fonds ou préoccupations du moment comme le temps qu’il fait ou la destination des prochaines vacances.
Mais il arrive malheureusement que nos tentatives innocentes de sociabilisation sur le pouce échouent et que notre interlocuteur fasse fi de toute convenances en manifestant une honnêteté pour le moins gênante. S’ensuit alors, une discussion embarrassante que seul un « désolé, je dois y aller » peut clore. Ainsi lorsque David Cameron eut l’idée d’un référendum sur la place du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne, il pensait tenir l’arme idéale pour faire pression sur ses partenaires européens et renégocier avantageusement certains accords. Persuadé que la réponse à la question « Should the United Kingdom remain a member of the European Union or leave the European Union? » ne serait qu’une simple formalité, le Premier ministre anglais s’est engagé sur une pente glissante qui l’a conduit (presque) naturellement vers la sortie et un ultime « désolé, je dois y aller (comprendre démissionner) ».
La réalisation de notre scénario alternatif de Brexit nous pousse à repenser l’avenir sous un prisme différent. Notre scénario central anticipe maintenant un impact limité, à court terme, de la sortie du Royaume-Uni. La croissance se maintiendrait autour de 3%, permettant aux marchés actions de progresser de 2,5% à 7,5% en fonction des zones.
Dans ce scénario, les marchés de taux se normaliseraient remontant progressivement, sans à-coup. Notre scénario alternatif de « crise de confiance généralisée » s’inscrit quant à lui dans la stricte continuité de la journée du 24 juin. Dans ce scénario au titre évocateur, un vent de panique soufflerait sur les marchés actions, les entraînant encore plus bas (de – 7,5 à -15%). Les taux joueraient alors leur rôle de valeur refuge en baissant de nouveau.
En conséquence, nous maintenons notre curseur actions à la neutralité (100%) et remontons notre curseur obligataire à 90%.