par Thomas Page-Lecuyer, Stratégiste chez CPR AM
Dimanche auront lieu les élections législatives espagnoles. En début de semaine, les lignes n’avaient quasiment pas bougé : le parti Populaire avec 28-30% suivi de Podemos avec 23-25%, le PSOE derrière avec 20-22% et CIudadanos avec 14-15%. Ces chiffres approximatifs ne nous donnent toujours aucune majorité possible et on imagine mal un gouvernement de coalition entre le PSOE et le PP tant la rancune est tenace.
Une coalition de gauche PSOE-Podemos est également difficile à imaginer en pensant au suicide provoqué par le PSOE (souvenez-vous du PS grec, le PSAOK, qui a disparu de l’écran à cause de coalitions contre nature). Le scénario le plus probable finalement, serait un gouvernement PP-Ciudadanos en minorité à l’Assemblée, essayant de profiter de l’abstention (et du conflit interne) du PSOE pour gouverner, avec Podemos comme principal parti d’opposition. Dans ce cas-là, il est probable que l’Assemblée espagnole soit la plus conflictuelle depuis le retour de la démocratie et même pire que pendant la crise sous Zapatero.
D’autre part, une telle issue ne serait favorable, ni au déficit budgétaire, ni à la croissance, ni au spread sur les marchés.
Mais les Espagnols aiment les retournements de situation : Hier, un nouveau scandale est venu entacher le gouvernement de Mariano Rajoy puisque le ministre de l'Intérieur Jorge Fernandez Diaz est accusé d'avoir instrumentalisé ses services pour tenter de discréditer les indépendantistes catalans. Dans un enregistrement d’octobre 2014 entre le ministre et le responsable de la lutte contre la corruption en Catalogne, on les entend exposer des indices de délits commis par des personnalités indépendantistes, des accusations pouvant faire beaucoup de mal politiquement au parti d’Artur Mas. Ils proposent dans l’écoute de lancer les médias sur cette affaire. Diaz a naturellement assuré que l’information diffusée par le journal de gauche était falsifiée, mais le média concerné a répondu en rendant public de nouveaux extraits encore plus accablants. On y entend en effet le ministre proposer d’influencer le procureur général de l'Etat pour qu'il déclenche une enquête, on l’y entend même proposer de faire fuiter l’information dans la presse. Diaz refuse de démissionner, Rajoy refuse de céder sa place pour représenter le PP aux élections et ces deux-là affirment que cette affaire n'aura aucun effet sur la campagne. Rien n’est moins sûr, et cette affaire rajoute encore un peu d’incertitude sur ce scrutin. Rien ne permet pour le moment de repousser l’éventualité d’un statu quo politique, encore, et de nouvelles élections en fin d’année.
L’été risque d’être très houleux en Espagne, autant sur les actions, les taux, que les perspectives.