Débats européens

par Caroline Newhouse-Cohen, économiste chez BNP Paribas

Aux Etats-Unis, le Federal Open Market Committee a laissé inchangé le taux objectif des Fed funds. Tout en soulignant l’amélioration de l’activité, en particulier sur le front de l’emploi et des dépenses d’équipement des entreprises en machines et logiciels, le Comité estime que les conditions économiques devraient continuer de justifier un maintien du taux directeur « à un niveau exceptionnellement bas pendant une période prolongée ».

La Réserve Fédérale n’a pas donné de détails supplémentaires concernant la poursuite de sa politique de normalisation, visant à drainer les liquidités excédentaires dans le système, condition préalable à tout resserrement monétaire stricto sensu. Depuis janvier dernier, la Banque centrale a commencé à prendre les premières mesures dans ce sens, mettant un terme à divers programmes de fourniture de liquidités, en relevant le taux d’escompte de 25 points de base, à 0,75%, et en raccourcissant la durée des prêts accordés à la fenêtre d’escompte (overnight).

Au Royaume-Uni, les minutes de la réunion de la Banque d’Angleterre, le 4 mars, rappellent les nombreuses incertitudes entourant l’évolution de l’inflation au cours des prochains mois.

En particulier, la dépréciation passée de la livre pourrait exercer à court terme un impact haussier sur les anticipations d’inflation. Le Comité estime, en outre, que les mauvaises conditions météorologiques et la hausse de la TVA devraient pousser temporairement les prix à la hausse. Toutefois, la Banque centrale est consciente que l’inflation devrait baisser à terme, en ligne avec les excédents de capacité de production. Dans ces conditions, elle opterait pour un statu quo prolongé d’autant que la reprise dans la zone euro, principal partenaire commercial du Royaume-Uni, pourrait être moins forte qu’anticipé.

Si un accord de principe semble avoir été trouvé, à l’occasion de la réunion de l’Eurogoupe à Bruxelles, les 12 et 13 mars, concernant une aide éventuelle à la Grèce, les principaux détails du dispositif font encore l’objet de débats. Certains points paraissent acquis : l’idée d’un emprunt communautaire garanti par les Etats a été écartée ; la décision de la mise en oeuvre de l’aide reviendrait au Conseil européen ; son montant maximum pourrait être compris entre 20 à 25 milliards d’euros. A contrario les principales modalités du dispositif restent à définir, que ce soit les circonstances de son lancement effectif, le nombre de pays participant au programme, le mode de calcul de leur contribution, la durée et le coût du financement.

En effet, l’Allemagne et l’Autriche souhaitent que ce dernier soit supérieur aux taux en vigueur sur les marchés financiers pour inciter la Grèce à plus de rigueur. Ces pays ainsi que l’Italie, les Pays-Bas et la Finlande, se montrent très réticents à l’idée une aide financière qui s’apparenterait à un « bail out » de la Grèce, et qui, selon Madame Merkel, pourrait être jugée incompatible avec le Traité de Maastricht par la Cour constitutionnelle allemande. À l’occasion de l’Eurogroupe, M. Schäuble, le Ministre allemand des Finances, s’est même dit favorable à la mise en place d’un Fond Monétaire Européen qui serait en charge de l’éventuel dispositif d’aide, lequel serait assorti de règles plus contraignantes en matière budgétaire (suspension des subventions aux pays qui ne respecteraient pas la discipline budgétaire, suspension d’au moins un an de leur droit de vote lors des réunions ministérielles voire exclusion temporaire de la zone euro). Madame Merkel a évoqué, à son tour, cette dernière éventualité devant le Parlement allemand. Notons à cet égard que la création du FME ainsi que l’exclusion éventuelle et temporaire d’un pays de l’euro nécessiteraient la signature d’un nouveau traité. Face à la montée des dissensions au sein de l’Union et en raison de l’urgence de la situation grecque, le gouvernement Papandréou se dit prêt à solliciter l’aide du FMI. La Commission européenne, tout comme la France et l’Espagne, n’y sont pas favorables, craignant qu’une telle intervention puisse nuire à la crédibilité et à la capacité de gestion de la crise des instances européennes.

Enfin, à l’initiative de l’Allemagne, la décision politique de recourir au dispositif d’aide a été inscrite à l’ordre du jour du prochain Conseil européen des 25 et 26 mars.

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