États-Unis : La désinflation gagne du terrain

par Hélène Baudchon et Cécile Duquesnay, économistes au Crédit Agricole

  • L’indice des prix à la consommation est resté inchangé en février et l’indice sous-jacent ne progresse que de 0,1 %.
  • La production industrielle progresse de 0,1 % en février (contre 0,9 % en janvier).
  • En février, les permis de construire et les mises en chantier ont respectivement reculé de 1,6% et de 5,9%.

 

L’indice des prix à la consommation est resté inchangé en février, les prix de l’énergie (-0,5 %) et de l’alimentation (+0,1 %) se modérant plus qu’attendu. L’inflation totale ralentit ainsi à 2,1 % en glissement annuel (depuis 2,6 % en janvier). L’inflation sous-jacente ressort à seulement 0,053 % sur le mois (chiffre arrondi à 0,1 %), soit 1,3 % en glissement annuel, son plus bas niveau depuis février 2004.

La désinflation prend de l’ampleur, le fruit de l’importance des ressources inemployées (illustrée par le niveau élevé du taux de chômage et le niveau encore bas du taux d’utilisation des capacités de production) et, plus particulièrement, de la très faible progression des loyers. D’après nos prévisions, l’inflation sous-jacente passerait sous la barre des 1 % en mai.

La production industrielle progresse de 0,1 % sur le mois de février (après +0,9 % en janvier). Il s’agit tout de même de son 8e mois consécutif de hausse. Et ce chiffre positif est surprenant étant donné les tempêtes de neige qui ont paralysé la côte Est en février : suite aux tempêtes de 1996, la production industrielle avait chuté de 0,7 %. La production manufacturière a, elle, baissé de 0,2 %, tirée vers le bas par le fort recul de la production automobile, attribué au climat et aux rappels massifs de véhicules par Toyota. Hors automobiles, la production manufacturière progresse de 0,1 % et ce, malgré la forte baisse de la durée hebdomadaire de travail. Ce résultat est le fruit de la poursuite de gains de productivité élevés. C’est une bonne chose pour la profitabilité des entreprises et donc pour la reprise économique en général, industrielle en particulier. Mais cela retarde le redémarrage de l’emploi.

En février, les permis de construire et les mises en chantier ont, respectivement, reculé de 1,6 et 5,9 %.

Pour les mises en chantier, les conditions météorologiques sont la principale cause du repli, les mauvais chiffres des régions touchées par les tempêtes (-10 % sur le mois dans le Nord-Est et -15 % dans le Sud) contrastant avec ceux des autres régions (+8 % à l’Ouest, +11 % au Centre). Les logements collectifs ont été les plus affectés avec un plongeon de 30 % sur le mois. Le recul des mises en chantier de logements individuels est bien plus limité (-0,6 % sur le mois), ainsi que celui des permis de construire (-0,2 %), et c’est ce qui compte pour donner la tendance. L’hiver s’achevant, les chiffres sont donc relativement satisfaisants. Dans les prochains mois, le marché devrait être soutenu par le crédit d’impôt. Mais, fondamentalement, la reprise de l’offre et de la demande sur le marché du neuf souffre de la concurrence exercée par les logements saisis et du nombre important de logements vacants.

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