Défis et opportunités de l’ère Trump 2.0

par Olivier Raingeard, Directeur des investissements chez Neuflize OBC

En ce début d’année, le sentiment de marché oscille entre inquiétude et anticipation, alors que Donald Trump vient de rejoindre la Maison Blanche. L’agenda de la nouvelle administration, au travers de mesures budgétaires, commerciales et géopolitiques pro-Etats-Unis, constitue un vrai défi dans l’environnement actuel. De plus, la guerre en Europe et au Moyen-Orient tendent à complexifier encore le paysage économique.

La hausse des droits de douane, principale menace pour les actions ? 

La politique économique de Donald Trump ne sera pas sans effets sur marchés financiers. La nouvelle administration devrait prendre des mesures pour stimuler la croissance américaine, ce qui devrait être favorable aux actions internationales. Les secteurs de la technologie, de l’industrie et des biens de consommation devraient notamment en bénéficier. A titre d’exemple, une hausse des dépenses en infrastructures aux États-Unis, pourrait stimuler la demande de machines et de technologies européennes.

Pourtant, les investisseurs demeurent méfiants en raison de la mise en place possible de droits de douane ou de barrières commerciales, susceptible freiner les exportations européennes et émergentes. Cette incertitude incite également de nombreuses sociétés européennes à repenser leur stratégie, se concentrant sur la diversification des chaînes d’approvisionnement, en faveur des marchés émergents notamment, afin d’atténuer les risques associés à un changement de la politique américaine. 

En effet, les secteurs les plus vulnérables aux droits de douane sont la santé (qui représente 22% des exportations de la zone euro vers les États-Unis), la consommation discrétionnaire (notamment l’automobile et les équipements automobiles, 12%) et l’industrie (industrie aérospatiale et les machines, plus de 16%)*. Dès lors l’investiture imminente de Donald Trump, pousse les investisseurs et les entreprises à favoriser la préparation et l’agilité stratégique.

Une Réserve fédérale attentiste tandis que la Banque centrale européenne poursuit sa politique d’assouplissement monétaire 

L’économie américaine reste solide, comme en témoignent les derniers chiffres de l’emploi. Si de nouveaux droits de douane sont effectivement imposés, cela pourrait alimenter l’inflation et aboutir à une position attentisme de la part de la Réserve fédérale, même si nous prévoyons toujours des baisses de taux à venir outre-Atlantique. Sur notre continent, où l’économie se montre plus fragile, le  rythme de baisse des taux devrait être relativement plus soutenu et ce, tout au long de 2025. 

Allocation d’actifs

  • Nous conservons une approche pragmatique et prudente, considérant que les conséquences d’une évolution de la politique américaine pourraient être complexes à appréhender. 
  • Au sein de nos portefeuilles, nous demeurons surpondérés en actions, avec une préférence pour les marchés américains et au détriment de l’Europe, qui souffre d’un ralentissement de l’activité alimenté par l’instabilité politique, les incertitudes en matière d’approvisionnement énergétique et une faiblesse de la consommation.
  • Enfin, nous sommes neutres sur les marchés émergents. Si ces derniers souffrent depuis l’élection de Donald Trump, nous pensons que cette sous-performance s’explique surtout par la hausse des taux longs aux États-Unis et d’un dollar fort. Les économies émergentes, et en particulier la Chine, semblent cependant être mieux préparées à l’ère Trump 2.0.

NOTES

*Source : Citi Reseach, Harver analytics, 2024