par Anton Brender, directeur des études économiques, et Florence Pisani, économiste chez Dexia AM
Bien que les banques n’aient pas complètement assaini leurs bilans, les tensions sur les marchés monétaires et du crédit ont continué de s’apaiser. Les Bourses ont rebondi depuis leurs niveaux déprimés du début de l’année. Des signes de reprise apparaissent également dans l’économie réelle : pour la première fois depuis le début de la crise, le FMI a révisé ses prévisions de croissance à la hausse ! Les conséquences de la crise seront néanmoins longues à résorber…
Aux États-Unis, le pire est derrière nous, mais la convalescence sera longue! L’activité retrouve progressivement un certain dynamisme. Au cours des trimestres à venir, les exportations continueront de se redresser avec la reprise du commerce mondiale. Le ralentissement du rythme de déstockage devrait – temporairement – soutenir la croissance et, malgré des conditions d’emprunts encore difficiles, une reprise modeste de l’investissement en équipement est probable. L’investissement résidentiel progresserait également, même si, partant d’un niveau extrêmement bas, il ne contribuerait que faiblement à la croissance du PIB. L’arrêt progressif de la stimulation fiscale pèserait sur le pouvoir d’achat des ménages, mais cet effet serait compensé par la hausse récente de leur richesse, boursière notamment. En 2010, la croissance du PIB serait dès lors voisine de 3 %. La crise n’en laissera pas moins des traces profondes. La mauvaise santé financière des États et collectivités locales pourrait nécessiter de nouvelles aides de l’Etat fédéral. Les problèmes sur le marché de l’immobilier sont loin d’avoir été résolus et les pressions à la baisse sur les prix immobiliers ont toutes chances de perdurer. Enfin, le marché du travail a été durement touché et le retour au plein emploi prendra du temps…
Comme aux Etats-Unis, la zone euro a subi un choc violent. Dans quelques pays – l’Irlande et l’Espagne en particulier – le crédit s’est contracté et la consommation a été étouffée. Dans la plupart des pays toutefois, l’effondrement de la demande extérieure a été le facteur déclenchant de la récession. Beaucoup de nos partenaires commerciaux ont en effet été fortement affectés par la crise financière. Aujourd’hui, malgré la récente appréciation de l’euro, un rebond de nos exportations semble engagé. Et si les conditions d’accès au crédit restent toujours difficiles, une certaine reprise de l’investissement productif se dessine. Confrontés à une hausse du taux de chômage les ménages devraient rester prudents, mais leur taux d’épargne arrêterait de monter, puis baisserait, favorisant un léger rebond de la consommation. Sur l’année 2010, la croissance du PIB approcherait 2 %. Une forte appréciation de l’euro compromettrait bien sûr le redémarrage de nos exportations et fragiliserait la reprise. D’autant que le marché du travail est particulièrement vulnérable à de nouveaux chocs. Dans ce contexte, la mise en place des stratégies monétaire et budgétaire de sortie de crise sera particulièrement délicate.