par Emmanuel Auboyneau, Gérant Associé, Xavier d’Ornellas, Gérant Associé Pôle Gestion Flexible, avec la participation de Jean-Michel Mourette, économiste chez Amplégest
A l’heure où la situation en Ukraine nous rappelle que la géopolitique peut à tout moment s’ingérer dans l’évolution des marchés financiers, il nous parait opportun de revenir sur notre vision économique et sur nos thèmes d’investissement pour 2014.
L’incroyable météo qui sévit aux USA depuis plusieurs mois ne facilite pas l’analyse à court terme. Trois grandes vagues de froid ont bloqué une grande partie du pays en décembre, janvier et février. En janvier l’est des USA n’a connu que quatre jours de météo normale ! Les conséquences sont significatives et expliquent les derniers chiffres en baisse (production industrielle, consommation…). En revanche, les indices de confiance restent élevés et l’emploi a peu souffert (contrairement à d’autres périodes analogues dans le passé). Notre conviction est que l’économie américaine est toujours sur ses rails et que, aidée par un redémarrage de l’investissement, l’année 2014 sera marquée par une croissance solide. Une politique budgétaire et fiscale plus favorable qu’en 2013 devrait favoriser ce scénario optimiste.
Rien de nouveau en Europe, toujours dans une phase de stabilisation, avec ses points forts (l’Allemagne avance, l’Europe du sud s’améliore) et ses points faibles (la France et l’Italie font du surplace). Mario Draghi reste le gardien du temple et préviendra toute rechute économique ou toute menace de déflation, par une politique monétaire plus agressive. Le Royaume-Uni continue son redressement incontestable avec notamment un chômage en forte baisse. Le japon est dans le même tempo même si la prochaine hausse de la TVA laisse planer une note d’incertitude pour l’économie. Enfin le monde émergent est toujours en phase de mutation (Chine, Inde) ou d’inflation (Brésil, Russie…). Il faudra encore du temps avant que cette zone ne redevienne un moteur puissant pour l’économie mondiale. Dans un jeu de rôles inversés, elle va bénéficier de l’amélioration économique du reste du monde.
Le constat économique est donc assez clair, et les marchés se sont normalement ajustés. Reste la question centrale de la répartition des actifs. Comment investit-on l’argent de nos clients après deux ans de hausse sur les actions, et avec des taux d’intérêt très bas dans la plupart des zones ? Pour répondre à cette question notre matrice d’allocation reste notre boussole dans cet environnement chahuté. Elle analyse trois cycles, croissance, liquidité et aversion ou inclinaison au risque, dans chacune des zones. Il en ressort un scoring à partir duquel une allocation d’actifs théorique est proposée, optimisée par des filtres qualitatifs (valorisation, momentum). Cette méthode a été récemment auditée et validée par un cabinet extérieur, nous confortant dans sa pertinence. Elle est mise à jour tous les mois, nous permettant d’être encore plus réactifs.
Aujourd’hui cette matrice est globalement favorable aux actions et nous incite à rester investis sur cette classe d’actifs en dépit d’une volatilité forte. Une correction technique est toujours possible (cf points macro précédents) et parfois souhaitable pour assainir les marchés. Elle serait l’occasion de nous renforcer dans de bonnes conditions. Les zones privilégiées sont L’Europe et le Japon, et les Etats-Unis dans une moindre mesure. En revanche, les marchés émergents sont depuis un an écartés et ne reviennent toujours pas dans nos radars. La situation en Ukraine renforce la méfiance des investisseurs sur cette zone, avec des flux de capitaux sortants importants. Notre matrice nous donne également aujourd’hui quelques signes positifs sur les matières premières. Nous sommes aujourd’hui absents de cette classe d’actifs et nous envisageons d’y revenir prochainement. Nous avons toujours peu d’intérêt pour les obligations en raison de rendements faibles.
La hausse quasi continue des marchés actions depuis plus de deux ans nous incite par ailleurs à investir nos plus-values sur des fonds actions décorrélés des indices. Ces fonds, que nous suivons depuis longtemps, ont pour objectif d’offrir environ 60% de la progression des actions, tout en offrant une protection à la baisse (fonds long/short), ou bien de chercher une performance supérieure au monétaire actuel avec un souci de protection du capital (fonds market neutral).
De la méthode, toujours de la méthode… c’est ce qui nous permet de garder sereinement un cap dans ces eaux agitées !