par Hélène Baudchon, Isabelle Job et Laure Nguyen, économistes au Crédit Agricole
- Rapport sur l’emploi décevant avec seulement 36 000 créations nettes d’emplois, mais chômage en baisse à 9%.
- Très bonne tenue des gains de productivité horaire du travail.
- Très belle embellie sur le climat des affaires en janvier.
Le chiffre d’emploi déçoit à nouveau avec seulement 36 000 créations nettes en janvier, tandis que le taux de chômage surprend favorablement avec une nouvelle baisse surprise de 0,4 point à 9%. D’un côté comme de l’autre, il convient de ne pas sur-interpréter ces chiffres. Le temps froid et la neige ont joué les troublions : 886K travailleurs auraient été incapables d’exercer une activité en raison de la météo (soit plus du double que ce qui est traditionnellement enregistré en janvier). L’emploi dans le secteur manufacturier a continué de se redresser (+49K) en ligne avec les données d’enquêtes. A l’inverse, l’emploi dans le secteur des transports ou de la construction, plus sensible aux conditions météo, a reculé de, respectivement, 38K et 32K. Les ajustements post-recensement ne sont pas neutres non plus, avec une baisse de la population de 347K qui explique en partie le recul de 504K de la population active. De ce fait, la baisse du taux de chômage est un faux-semblant, même si l’emploi total a progressé de 117K.
Les gains de productivité ont surpris à la hausse au quatrième trimestre 2010, avec une progression de 2,6% (rythme annualisé) dans le secteur marchand non agricole, supérieure au rythme moyen de long terme de 2,3%. Ils ralentissent certes à 1,7% en glissement annuel, mais ce fléchissement ne devrait pas aller beaucoup plus loin si la croissance ne ralentit pas elle-même. Ce qui est le scénario le plus probable malgré les incertitudes sur le dynamisme de la reprise, car l’économie est en début de cycle et non à la fin. Le dynamisme des gains de productivité (+ 4% par trimestre depuis le début de la reprise) est un élément important du redressement de la profitabilité des entreprises et donc positif pour la croissance. Le contrôle serré des coûts unitaires du travail signifie une inflation sous contrôle, ce qui est aussi bon pour la croissance. Le seul bémol, et il est de taille, est la contrepartie d’une reprise limitée de l’emploi.
L’enquête nationale ISM sur le climat des affaires dans le secteur manufacturier a largement dépassé les attentes en grimpant de 58,5 à 60,8 en janvier (son plus haut niveau en six ans, à mettre en perspective du plus haut historique à 77,5 en juillet 1950). Cette performance est portée par toutes les composantes, et plus particulièrement les nouvelles commandes (ce qui sous-tend une poursuite de la hausse de l’ISM) et l’emploi qui affiche sa meilleure performance depuis 1973 (à 61,7). La progression de la production et des stocks témoigne aussi d’une reprise toujours soutenue grâce au raffermissement de la consommation et à la forte demande étrangère (dixit le rebond de la composante « nouvelles commandes à l’exportation »). Ce n’est pas une surprise, compte tenu de l’évolution du prix des matières premières, la hausse de la composante « prix », à son plus haut depuis juillet 2008, est le point négatif de l’enquête. Un dérapage de l’inflation n’est pas à craindre mais une telle hausse des coûts de production n’est pas une bonne nouvelle. D’après cette enquête, et celle auprès des secteurs non manufacturiers (en hausse à 59,4), les perspectives de croissance à court terme restent plus que favorables.