par Hélène Baudchon et Laure Nguyen, économistes au Crédit Agricole
- Bon rapport sur l’emploi avec 216 000 créations nettes en mars et un taux de chômage en légère baisse à 8,8%.
- Rechute de la confiance des consommateurs en mars d’après l’enquête du Conference Board.
- Belle progression de 0,7% sur le mois de février des dépenses nominales de consommation des ménages.
Comme en février, le rapport sur l’emploi du mois de mars est bon à quelques bémols près, problématiques d’ailleurs mais pas surprenants. Côté déceptions, on notera la baisse de la durée hebdomadaire du travail dans le secteur manufacturier (indicateur avancé), un nouvel allongement de la durée moyenne au chômage (à 39 semaines) et l’absence de progression des salaires horaires nominaux pour la quatrième fois en cinq mois (ce qui laisse à 1,7% leur hausse sur 1 an). Le reste du rapport est bon et c’est ça qui compte : un total de 216000 créations nettes d’emplois salariés non agricoles, 230 000 dans le privé (après +240k en février, soit les deux meilleurs mois d’affilée en cinq ans), une légère révision en hausse des créations d’emplois des deux mois précédents, une nouvelle vraie baisse du taux de chômage à 8,8% (fondée sur une hausse de l’emploi total plus importante que celle de la population active). Depuis février 2010, creux de l’emploi, ce sont 1,5 million d’emplois qui ont été créés. Et si le taux de chômage a d’abord tardé à baisser, il a perdu 1 point au cours des quatre derniers mois. L’amélioration de la situation sur le marché du travail est incontestable et a de bonnes chances de prendre de plus en plus d’ampleur à mesure que les PME vont s’associer à la reprise.
La confiance des ménages a rechuté au mois de mars d’après l’enquête Conference Board, reculant de 72 à 63,4, un repli bien moins sévère que celui enregistré par l’enquête de l’Université du Michigan. La baisse de l’indice du Conference Board a été entrainée par la composante « anticipations », elle-même due à la hausse du prix de l’essence qui est venue alimenter les anticipations d’inflation. Le jugement sur la situation économique actuelle s’est, lui, amélioré, retrouve ainsi son plus haut niveau depuis novembre 2008 et s’oriente enfin un peu plus franchement à la hausse. Etonnamment, ce n’est pas le fruit d’un jugement plus positif sur le marché du travail (malgré les chiffres d’emploi et de chômage encourageants), la perception des ménages s’étant au contraire légèrement dégradée. En revanche, ils ont une meilleure appréciation de la situation économique d’ensemble. Cette baisse de la confiance des ménages est de nature à peser sur leur consommation. Mais le redressement de l’emploi permet de ne pas s’inquiéter outre mesure.
Les dépenses nominales de consommation ont progressé de 0,7% sur le mois de février, leur plus forte hausse depuis octobre dernier. C’est une progression solide, la consommation de biens non durables contribuant pour moitié, celle de biens durables et de services chacune pour un quart. Cependant, l’inflation (augmentation de 0,4% sur le mois du déflateur) vient grignoter une bonne part de ce gain et ramène à 0,3% la progression des dépenses réelles. Le pouvoir d’achat du revenu disponible accuse, lui, un léger repli, de 0,1% sur le mois mais reste en hausse de près de 3% sur 1 an. Si l’inflation totale accélère de 1,2% à 1,6% en glissement annuel, l’inflation sous-jacente reste très sage, à 0,9% en glissement annuel, de quoi calmer les discours alarmistes sur le retour de l’Inflation avec un grand « I ».
L’acquis de croissance de la consommation pour le premier trimestre est de 1,2% (rythme annualisé), ce qui signifie, même si le chiffre de mars est très bon, un sérieux contrecoup après les +4% du quatrième trimestre 2010. La croissance du PIB en portera la trace mais la contribution positive des variations de stocks, de l’investissement productif et peut-être du commerce extérieur compensera.