par Laurent Berrebi, Directeur des études économiques de Groupama AM
Pour l’année 2011, les grandes tendances actuelles devraient se poursuivre : 100 000 créations d’emplois mensuelles en moyenne, insuffisantes pour réduire substantiellement le chômage qui demeurerait autour de 9,5%, des contraintes de financement sur les ménages et sur les PME qui perdureraient mais à un degré moindre. Dans ces conditions, l’investissement résidentiel se stabiliserait et la consommation progresserait à un rythme de 2% l’an, le taux d’épargne se maintenant autour de 6%.
L’extérieur, qui bénéficiera de la baisse du dollar et du dynamisme des pays émergents, soutiendrait l’activité contrairement à cette année. Ainsi, en dépit du ralentissement de l’investissement des entreprises, la croissance hors stocks devrait sensiblement s’améliorer, passant de 1,6% à 2,4%. Pour autant, le retournement du cycle des stocks devrait retirer 0,6 point à la croissance de 2011 qui serait de 1,8% après 2,6% en 2010.
Par le biais du change, le QE de la Fed permettrait de reflater une économie aujourd’hui au bord de la déflation : l’inflation devrait être légèrement positive en fin d’année. Les risques à la baisse autour de ce scénario sont nombreux : la nouvelle vague de défauts sur les crédits immobiliers qui se prépare, la nouvelle baisse des prix immobiliers en cours, susceptible d’accentuer les contraintes de financement, une économie qui tombe en déflation, la poursuite des tensions sur les taux obligataires. Le principal risque à la hausse demeure un retour du crédit.
Zone euro : une croissance souffrant des difficultés de la gouvernance européenne
Le PIB a ralenti de plus de moitié au troisième trimestre, augmentant de +0,4% après 1%, en raison de la stabilité des dépenses des entreprises, après une contribution de 0,7 point à la croissance au trimestre précédent. La consommation privée maintient son rythme modeste de croissance de 0,2-0,3%. Géographiquement, la croissance reste tirée par la dynamique allemande et la demande intérieure française, alors qu’elle est pénalisée par la forte contraction de la demande intérieure des pays périphériques. La plupart de ces tendances devraient se poursuivre en 2011. En Allemagne, en dépit du ralentissement des exportations et de l’investissement des entreprises, la croissance devrait être de 2% grâce à la consommation, soutenue par des hausses de salaires conséquentes. En France, en revanche, la croissance devrait tomber à 1%, pénalisée par la remontée des taux longs et l’arrêt de la prime à la casse.
Enfin, l’ensemble de la zone euro sera affectée par la mise en œuvre concomitante des plans d’austérité qui devraient retirer près d’1 point de croissance en 2011 : la hausse des taux longs qui les accompagne illustre le manque de crédibilité de ces politiques économiques pour rétablir l’équilibre des finances publiques. La croissance en 2011 devrait être de 0,6% après 1,6% cette année et l’inflation devrait retomber à 0,7%.
Japon : nouvelles dégradations des perspectives 2011
La croissance a été de 1,0% au troisième trimestre, après +0,4% au deuxième, soutenue par la consommation des ménages (+0,7 point de contribution), l’extérieur (+0,1 point de contribution) et les stocks (+0,2 point). Le PIB devrait cependant fortement se contracter au quatrième trimestre de 0,7% : la consommation de biens durables devrait plonger de 30% suite à la suppression des primes vertes en faveur de l’automobile en septembre. Au-delà de cette correction technique, l’affaiblissement de la croissance se prolongera, en raison de l’extérieur. Les exportations accentuent leur baisse sur le mois d’octobre et, analysées en GA, elles ralentissent en direction de toutes les zones. De plus, l’appréciation du yen oblige les entreprises à comprimer fortement leurs marges. La dégradation de la rentabilité des entreprises annonce une réduction de leurs dépenses d’investissement et devrait se répercuter sur la masse salariale: la consommation des ménages hors automobiles devrait alors sensiblement ralentir en 2011. La croissance prévue pour 2011 est de 0,5% après +3,2%.