par Sandrine Boyadjian, économiste au Crédit Agricole
La croissance s’est inscrite en léger repli au troisième trimestre (-0,3% en rythme trimestriel annualisé). La croissance des dépenses publiques (5,8% après 3,9%) et le commerce extérieur ont permis de compenser partiellement la chute des dépenses de consommation (-3,1%). Ces résultats mettent en avant la mauvaise posture de l’économie américaine bien avant la chute de la banque d’investissement Lehman Brothers. Du point de vue de l’économie réelle, le pire est sans doute devant nous.
Au troisième trimestre 2008, la croissance du PIB s’est contractée de 0,3% en rythme trimestriel annualisé (après +2,8% au deuxième trimestre 2008), soit une baisse plus modérée qu’attendu (-0,5%). Ce repli provient essentiellement de la chute des dépenses de consommation des ménages (-3,1% t/ta après 1,2%). C’est le reflet de la dissipation des effets positifs des remises d’impôts et de la détérioration du marché du travail. L’investissement en équipement des entreprises a poursuivi sa dégringolade (-5,5% après -5% au deuxième trimestre et -0,6% au premier). En revanche, la contribution du commerce extérieur a été positive (1,1 point de pourcentage). Ce trimestre de croissance négative devrait être le premier d’une série de quatre. Le soutien de la demande étrangère va s’estomper, les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis étant également au bord de la récession.
L’investissement résidentiel au troisième trimestre a continué de chuter (-19,1% t/ta après -13,3% au deuxième trimestre). Cela fait onze trimestres que cette composante du PIB est en net repli ! Si les ventes de logements neufs ont progressé de 464K en septembre par rapport au mois précédent, elles s’inscrivent néanmoins en recul par rapport aux chiffres de l’année dernière (-33%). Le prix médian de ces logements a continué de baisser de 9,1% a/a. La seule note positive est la baisse du stock de maisons neuves. Mais comme les fondamentaux restent dégradés (excès d’offre, baisse des prix et resserrement du crédit), les perspectives du secteur immobilier restent sombres.
Le revenu disponible s’est redressé en septembre (de 0,2% après -1%) et le taux d’épargne a augmenté (à 1,3% du revenu disponible après 0,8%). Malgré le net repli des prix de l’essence ces dernières semaines, la confiance des consommateurs a chuté en octobre (à 38 points après 61,4 en septembre). Les ménages sont particulièrement inquiets de la dégradation des conditions d’emplois avec dans ce sillage la reconstitution d’une épargne de précaution. Ces résultats mettent en avant la mauvaise santé de l’économie américaine bien avant la chute de la banque d’investissement Lehman Brothers. Le pire pourrait ainsi être devant nous. La chute des prix d’actifs et le rationnement du crédit vont continuer de peser sur le comportement de dépenses des ménages au cours des prochains trimestres.