par Stuart O’Gorman, gérant du Henderson Horizon Global Technology Fund
Les rumeurs ne cessent de croître concernant une prochaine introduction en bourse de Facebook, estimée à 100 milliards de dollars. Bien que ces rumeurs suscitent l’enthousiasme et entraînent un important battage médiatique, il nous est impossible de formuler une opinion d’investissement à ce sujet.
Ce n’est pas parce que nous ne croyons pas en la pérennité de l’engouement envers les réseaux sociaux (loin de là), ou encore dans la position concurrentielle de Facebook (qui domine largement le marché).
L’incroyable battage médiatique suscité par l’extraordinaire développement de Facebook rend la société particulièrement intéressante mais toute décision d’investissement ne peut réellement être envisagée qu’après une analyse détaillée des différents éléments composant le compte de résultats et le bilan, comparés à la capitalisation boursière de la société or nous ne disposons que de vagues informations à ce sujet.
Le diable est dans les détails : bien que les perspectives de croissance de Facebook soient extrêmement attrayantes, nous demeurons prudents. La médiatisation entourant les réseaux sociaux en général, et Facebook en particulier, est tellement forte qu’il semble impossible de trouver un point d’entrée intéressant, en termes de valorisation. Comme nous avons pu le remarquer par le passé, lors de tout « cycle de médiatisation à outrance » les nouvelles innovations technologiques, même si elles s’avèrent très intéressantes, sont souvent reléguées au second plan. Nous avons tous en mémoire l’engouement qu’avait suscité le lancement d’’internet, les nanotechnologies et les technologies solaires, pour ne citer que quelques exemples. Ces nouvelles technologies ont toutes enregistré une forte croissance sur le long-terme mais ont également été soumises à des périodes de sur médiatisation qui ont affecté les rendements pour les investisseurs imprudents.
L’analyse de ces « cycles de médiatisation à outrance » fait partie intégrante de notre processus d’investissement et nous préférons attendre la fin de la période de battage médiatique pour investir car c’est à ce moment là que les valorisations deviennent attractives, tout en conservant les mêmes perspectives de croissance. Nous sommes convaincus du potentiel des réseaux sociaux et nous aimerions investir dans Facebook, mais seulement au juste prix.
Apple : lorsque la réalité est plus forte que le battage médiatique
Nous détenons une position importante d’Apple dans notre portefeuille – depuis quelque temps déjà – et il est donc important de rappeler les excellents résultats trimestriels que la société vient d’annoncer.
Apple est une société avec une capitalisation boursière supérieure à 400 milliards de dollars et des ventes annuelles de 160 milliards de dollars entraînant une hausse des revenus de 73% année après année (hausse de 39% par rapport au trimestre précédent) et une hausse du bénéfice par action de 116%. En tout juste trois mois Apple a vendu 37 millions d’iPhones, 15 millions d’iPods, 15 millions d’iPads et plus de 5 millions de Macs. La société dépasse ainsi les prévisions du consensus de plus de 18% et les bénéfices par action (BPA) sont 37% plus élevés que prévus. Sur le seul dernier trimestre, Apple a encore généré 17 milliards de dollars de cash.
Apple bat encore une fois tous les records et nous sommes convaincus que la société ne va pas s’arrêter là aux vues du dynamisme de ses produits, de la forte croissance de ses marchés finaux et de ses prévisions prudentes. Malgré une croissance extraordinaire, son avantage compétitif et sa position sur le marché, la valorisation d’Apple reste attractive. Le PER du titre est de 9 fois les bénéfices attendus pour 2013, ce qui est bien meilleur marché que le S&P 500 ou le secteur des technologies mais ce résultat ne récompense pas la société pour le niveau élevé de liquidités qu’elle a accumulé. Si l’on exclut les liquidités, le PER est de 7x, ce qui est exceptionnellement attractif. Nous ne pensons pas que la société ait jamais eu une valorisation aussi attractive depuis notre premier investissement dans le titre et ce malgré les excellentes performances qu’elle a réalisé au cours de la période.
La performance d’Apple sur le marché est phénoménale et les investisseurs ont souvent tendance à croire que le cours de l’action est élevé. La vérité est tout autre. En effet, la hausse du cours de l’action a été inférieure à la croissance des bénéfices et le titre a donc été dévalorisé.
Les résultats du dernier trimestre illustrent bien cela. Les bénéfices ont été tellement plus importants que prévus que cela a conduit les analystes à augmenter d’environ 18% leurs prévisions pour les années à venir et comme le cours de l’action n’a qu’augmenté de 7%, le titre est donc devenu meilleur marché en termes de PER.
La société a du faire face au cours des deux dernières années à plusieurs événements qui ont inquiété les investisseurs : la hausse de la concurrence sur le marché des smartphones, un marché de plus en plus mature, la loi des grands nombres et, évidemment, l’impact du décès de Steve Jobs. Nous avons toujours conservé une exposition importante sur la société aux vues de la cohésion de son écosystème (iTunes, AppStore et maintenant les services internet), sa position de leader sur certains marchés enregistrant la plus forte croissance et, chose étonnante, sa valorisation très attractive.
Le Henderson Horizon Global Technology Fund a commencé d’investir dans la société Apple le 9 mai 2003, le cours de l’action était alors de $8.46. Apple est la plus importante position du fonds et ce depuis bien longtemps déjà.