par Jean-Marie Mercadal, Directeur Général Adjoint en charge des gestions d’OFI Asset Management
En mars de l’année passée, les marchés repartaient à la hausse, à la suite des plans de relance décidés par les gouvernements. Un an plus tard, la reprise est là mais les marchés s’inquiètent des finances publiques.
Comment organiser la rigueur sans tuer la croissance ? Quelle organisation européenne ? Une coordination des taux de change est-elle possible ?
La dialectique est désormais claire: l’impact des plans d’austérité sur la croissance devient une question majeure, et il n’y a pas d’alternative car les niveaux de dettes sont critiques.
Pour maintenir son niveau de vie, l’Occident a, d’une façon ou d’une autre selon les pays, vécu à crédit et la crise de 2008 a aggravé la situation. Le cas de la France est, de ce point de vue, délicat : soit ses réformes ne sont pas crédibles et le pays perd sa notation triple A (auquel cas, il va devoir se financer à des coûts plus élevés) ; soit les mesures décidées sont drastiques, au risque de tuer la croissance et de provoquer une agitation sociale de nature à faire perdre les élections à ceux qui ont pris ces décisions. Aujourd’hui, l’écart de rendement entre l’OAT 10 ans et le Bund de même échéance est de 30 pb, ce qui semble faible au regard des perspectives budgétaires à long terme des deux pays.
Il serait temps d’organiser une concertation internationale pour harmoniser la croissance mondiale, redonner de la confiance et stabiliser les marchés.
Quelles sont les mesures à prendre ?
Du côté de l’Europe, les règles de fonctionnement de l’euro doivent être redéfinies et un nouveau Pacte de stabilité, avec éventuellement plus d’intégration politique, est nécessaire. Sur le plan international, le sujet majeur est celui des parités de change : il faudrait encadrer le rythme et l’ampleur de la baisse de l’euro et la réévaluation du yuan. Une coordination est possible et nécessaire.
Rendez-vous au prochain G20 de Toronto, les 26 et 27 juin. Espérons…
En attendant, ce manque de visibilité sur ces sujets majeurs pèse. L’appétit des investisseurs pour les actions s’est brutalement arrêté et le sentiment négatif domine (ce qui donne quelquefois de bons signaux d’achat d’ailleurs…).
Pour un horizon de moyen/long terme, les valorisations des actions sont en effet très attractives, notamment les actions européennes après le « sell off » récent. Elles présentent une décote de plus de 20% en termes de PER par rapport aux actions américaines, le rendement des dividendes est supérieur à celui des titres gouvernementaux des pays les plus « sûrs »… Rarement, dans ces dernières années, la comparaison avec les autres classes d’actifs n’a été aussi favorable. Attention toutefois, la volatilité restera élevée…