par Emmanuel Auboyneau, Gérant Associé, et Xavier d'Ornellas, Gérant Associé Pôle Gestion Flexible chez Amplégest avec la participation de Jean-Michel Mourette, Economiste (Eureka Finance)
Après les craintes estivales nées de la situation chinoise et des tergiversations de la Federal Reserve, ces dernières semaines nous ont plutôt rassurés sur l’état de l’économie mondiale. La décélération industrielle est réelle et concerne les grandes zones de la planète (ce qui se traduit par une baisse du commerce international), mais elle est compensée par la bonne tenue des autres secteurs de l’économie. Les analystes se focalisent souvent sur les statistiques industrielles pour analyser une zone ; c’est de moins en moins pertinent.
Des agrégats globaux comme la consommation, l’emploi ou l’immobilier donnent une idée plus équilibrée de la situation d’un pays. Attention aux faux semblants d’une vision trop industrielle de l’économie mondiale.
Aux Etats-Unis on a beaucoup écrit sur la faiblesse manufacturière récente, que l’on mesure notamment au travers de la production industrielle. Celle-ci s’est repliée 8 fois sur les neuf derniers mois. Mais la baisse globale sur la période n’est que de 0,75%, loin d’un effondrement ! Par ailleurs, on oublie souvent que l’industrie manufacturière ne représente aujourd’hui que 12% du PIB américain. Le chiffre pour l’industrie dans son ensemble (avec production de pétrole et distribution d’énergie) n’est que de 15%. Si l’on en croit les intentions d’embauches, la consommation et le dynamisme de l’immobilier, le reste de l’économie se porte très bien ! Les résultats de grands groupes comme Apple, Google ou Microsoft témoignent également de la bonne santé de tout un pan de l’activité des Etats-Unis. Le PIB du troisième trimestre en première estimation a progressé de 1,5%, avec une contribution négative des stocks de 1,4%, après un second trimestre à + 3,9%. L’économie américaine, comme l’indique la Fed dans son dernier communiqué, reste sur une bonne tendance. Cela se traduira probablement par une première hausse des taux directeurs en décembre.
La Chine, pas loin d’un bas de cycle économique, a également rassuré récemment. Les autorités monétaires et politiques sont à la manœuvre pour réussir l’atterrissage en douceur que tout le monde espère. La mutation assumée et contrôlée de l’économie décrite dans les précédents points macro est en cours. Elle n’est pas sans risque. L’industrie a fortement décéléré, impactant le commerce mondial, mais semble se stabiliser. L’économie profite par ailleurs du dynamisme des services.
En Europe la reprise, lente, s’est installée. Elle pourrait même accélérer légèrement en 2016, grâce au soutien massif de la BCE qui a pour effet de relancer le crédit et la confiance. L’affaire Volkswagen est en partie digérée par le marché, même si les conséquences sur l’un des plus grands groupes européens restent incertaines. Au Japon les derniers chiffres confirment une inflexion positive encore fragile.
Nos choix de gestion découlent logiquement de cet environnement macroéconomique positif. Toutefois, l’épisode estival, avec la chute brutale des marchés et la forte hausse de la volatilité, nous a conduits dans un premier temps à réduire un peu le risque à court terme. Une volatilité plus faible, et des résultats trimestriels de sociétés disparates mais plutôt satisfaisants hors facteurs exceptionnels, ont permis le réinvestissement d’une partie de nos liquidités dans les actions européennes, qui restent notre choix privilégié. Les actions japonaises (au travers de nos fonds flexibles), et la gestion long/short pour la partie plus défensive des portefeuilles sont également nos axes de gestion privilégiés. Il n’y a plus actuellement de consensus sur les marchés de la part des grands intervenants.
La disparité des points de vue rend la fin d’année incertaine et passionnante…