par Julien Manceaux et Charlotte de Montpellier, Economistes chez ING
La production industrielle a progressé en août, mais le rythme se ralentit et semble uniquement porté par la demande des consommateurs (biens durables, énergie, construction) alors que les investissements des entreprises limitent la demande pour des pans entiers de l'industrie manufacturière. Le rattrapage devrait se poursuivre, mais à un rythme plus lent, et il pourrait s'interrompre au 4ème trimestre, qui s'annonce tendu du côté épidémique.
La production continue de croître en août
En France, la production industrielle a augmenté de 1,3% en glissement mensuel en août après 3,8% en juillet. Le ralentissement est moins prononcé qu'en Allemagne où la production industrielle a diminué en août. Dans le secteur manufacturier, la croissance au mois d'août était de 1% sur un mois, contre 4,5% encore en juillet. On remarquera que le rattrapage ne faiblit pas dans la production de biens de consommation durables qui ont été favorisés par un retour des consommateurs cet été : cette part de la production augmente de 8,1% en oaût après 6,9% en juillet et n'est plus que 4% en-deçà de son niveau de février. A l'inverse, la production de biens d'investissements a vu sa croissance ralentir fortement apr ès le rebond du déconfinement, la progression étant limitée à 1,3% en août contre encore 7,1% en juillet. Seule la construction, qui affiche en août une croissance de 4,9% après 4% en juillet a presque rejoint le niveau qui prévalait en février (seulement 1,2% inférieur).
Le rattrapage de la production industrielle semble donc faiblir à la fin de l'été en dehors des biens de consommation durable et de la construction. Ainsi, malgré le rebond, l'industrie française n'a pas encore rattrapé le niveau de production qui prévalait en février, avant le confinement. La production industrielle est ainsi toujours 6,3% inférieure à son niveau de février, tandis que la production manufacturière est 7,4% plus faible.
Le rattrapage de la production industrielle semble donc faiblir à la fin de l'été en dehors des biens de consommation durable et de la construction. Ainsi, malgré le rebond, l'industrie française n'a pas encore rattrapé le niveau de production qui prévalait en février, avant le confinement. La production industrielle est ainsi toujours 6,3% inférieure à son niveau de février, tandis que la production manufacturière est 7,4% plus faible (graphique ci-joiint).
Feu orange pour le 4ème trimestre
Vu les chiffres du mois d'août, le 3ème trimestre devrait montrer une croissance record pour la production industrielle : même avec une stagnation en septembre, la croissance dépasserait les 20% sur le trimestre. Il ne faut cependant pas y voir une garantie de la pérennité du mouvement. De plus, ce dynamisme ne permettra pas d'effacer le choc de la première partie d'année, et la production sera toujours inférieure à son niveau de février à la fin du troisième trimestre. Le rattrapage devrait se poursuivre car les enquêtes industrielles montrent que les stocks ont fortement baissé alors que les carnets de commandes se remplissent, mais la reprise reste vulnérable, tant d'un point de vue de l'offre si les travailleurs (ou leurs enfants) venaient à être reconfinés, que d'un point de vue de la demande si les intentions d'achats des consommateurs ne poursuivent pas leur remontée, interrompue à la fin de l'été. Des vulnérabilités qui sont de vrais risques pour le 4ème trimestre compte tenu de la recrudescence de la maladie et des nouvelles restrictions de mouvement. Aussi, après un 3ème trimestre dynamique, nous pensons que la croissance devrait marquer une pause au dernier trimestre, laissant l'économie française et sa production industrielle à 95% de leurs niveaux d'avant crise. Le retour à des niveaux de productions que l'on pouvait observer avant la crise sera donc long et lent ; il faudra probablement attendre le début 2023.