par Charlotte de Montpellier, Senior Economiste chez ING
La production industrielle a rebondi en France en février, mais pas suffisamment pour compenser la baisse de janvier. Les activités intensives en énergie restent très impactées par le choc énergétique. Ces données confirment un contexte économique de croissance plutôt terne.
Depuis le début de l’année, il est clair que l’activité économique en France montre certains signes de résilience. La confiance des entreprises reste notamment très solide malgré le contexte global plus défavorable, la hausse des taux d’intérêts et les tensions sociales autour de la réforme des retraites. Les données de la production industrielle de février viennent confirmer cela.
En effet, la production industrielle a rebondi en France, augmentant de 1.2% sur le mois, après la baisse (révisée légèrement à la hausse) de 1.4% en janvier. La production manufacturière est également en hausse, de 1.3% après la chute de 1.5%. La plupart des branches d’activités voient leur activité progresser sur le mois, la hausse étant particulièrement forte dans la fabrication de matériels de transport. Sur un an, la production manufacturière des trois derniers mois est en hausse de 1.7%, grâce notamment au rebond de la production automobile lié à la diminution des tensions sur les chaines d’approvisionnement. Les activités intensives en énergie sont néanmoins en très forte baisse sur un an, de 25.9% pour la sidérurgie, de 22.5% pour la fabrication de papier et carton et de 19.9% pour la fabrication de produits chimiques. De ces données, on peut conclure que le choc énergétique continue à avoir un impact sur l’activité économique française, malgré la baisse des prix de l’énergie sur les marchés internationaux. Compte tenu du délai pour que les évolutions des prix internationaux se répercutent sur les factures des entreprises, il est probable que la production dans les activités intensives en énergie reste freinée dans les prochains mois.
Ces données indiquent que la tendance pour la production industrielle française est toujours un ralentissement, mais ce ralentissement est progressif, et ne ressemble pas à un écroulement, notamment grâce à la normalisation de la situation sur les chaines d’approvisionnement. En effet, la progression de l’activité en février n’est pas suffisante pour compenser la baisse de janvier. En outre, il est probable que les tensions sociales entourant la réforme des retraites se traduisent en mars par une activité industrielle moins dynamique dans certaines branches, avant un rebond dans les mois suivant. Au total, sur le trimestre, l’activité industrielle risque de diminuer, ce qui contribuera négativement à la croissance économique du premier trimestre. Dans le même temps, les données indiquent que le contexte inflationniste pèse sur la consommation des ménages, principalement en biens. Compte tenu de la chute du volume de la consommation des ménages en biens de 0.8% sur un mois en février, le dynamisme de la croissance risque de rester faible. Nous prévoyons une croissance trimestrielle légèrement positive au premier trimestre, de l’ordre de 0.1%.
Les perspectives de l’économie française pour les prochains trimestres demeurent modérées. Le contexte de croissance mondiale faible risque de peser sur les exportations et le secteur industriel. Le contexte d’inflation pourrait continuer à peser sur la consommation des ménages. En outre, le plein effet du resserrement de la politique monétaire va probablement commencer à se faire sentir, plombant l’investissement des ménages et des entreprises. Nous prévoyons une croissance de 0.7% en 2023 et en 2024, après 2.6% en 2022.