Investir dans l’espace : Faut-il viser les étoiles ?

par George Saffaye, Stratégiste chez BNY Mellon IM

Selon Spaceflight Now, l’année 2020 a permis d’atteindre le record du nombre de lancements orbitaux dans le monde depuis les années 1990, décennie durant laquelle les budgets militaires de la guerre froide soutenaient la politique spatiale des principaux pays occidentaux. 

Cette cadence positive de lancements constitue une perspective intéressante pour les investissements. En effet, l’économie spatiale connaîtra probablement une croissance de 6 à 8 %, voire plus, au cours de la prochaine décennie.

Cette croissance sera due à la baisse rapide des coûts de lancement, en particulier grâce à l’ouverture de l’espace à la commercialisation, où les entreprises privées et publiques s’impliquent de plus en plus. Cette demande croissante fournira un tremplin aux développeurs de fusées réutilisables et leur permettra de continuer à améliorer leurs produits, et donc réduire les coûts associés.

Cette cadence de lancement accrue étendra également les investissements au-delà de la défense nationale et de la fourniture au réseau internet par satellite. En effet, certaines estimations montrent que l’industrie spatiale mondiale pourrait générer des revenus de plus de 1 000 milliards de dollars US en 2040, contre 350 milliards de dollars US actuellement.

Quels sont les domaines qui vont bénéficier d’investissements ? 

Il existe trois grands pôles d’innovation commerciale : la technologie de lancement, le tourisme et l’hypersonique.

1. Les technologies de lancement : plus haut et plus loin

Notre dépendance aux satellites ne fera que croître dans les années à venir. Parallèlement, la réduction des coûts des satellites eux-mêmes, ainsi que la baisse des coûts de lancement, signifient que de plus en plus d’entreprises envisageront de créer leurs propres réseaux et constellations de satellites. Des opportunités fleuriront dans l’écosystème de la maintenance également : de la fourniture de matériaux et d’équipements aux données et analyses spatiales.

2. Le tourisme spatial

Il pourrait se concentrer sur le tourisme spatial orbital, suborbital et lunaire. À ce jour, seule la Russie a proposé ce type de service – vers la Station spatiale internationale (ISS), pour un coût de 20 à 25 millions de dollars par personne – mais cette pratique a pris fin en 2010 en raison de la nécessité de disposer d’équipages plus nombreux à bord de l’ISS.

Aujourd’hui, les voyages suborbitaux sont l’objectif de plusieurs entreprises, dont certains projets ont déjà bien avancé. Les coûts pourraient atteindre plus de 200 000 dollars par passager et des délais d’attente devraient être d’environ un an dès les premiers vols.

3. Rapidité et puissance

La conception de nouveaux avions pourrait voir le retour du vol hypersonique pour une utilisation commerciale régulière. Bien que la plupart de ces vols aient pris fin avec la mise hors service du Concorde il y a plus de dix ans, les technologies de la conception à la construction ont progressé et les problèmes tels que les “bangs” soniques au passage du mur du son sont désormais résolus. Cela signifie que la voie est libre pour que le vol hypersonique transforme encore plus les voyages : les temps de vol seront réduits et les distances considérablement réduites.

NOTE

1 Morgan Stanley : « Space : Investing in the Final Frontier », 24 juillet 2020.