par Iheshan Faasee, Gérant de portefeuille clients multi-classe d’actifs chez Russell Investments
Notre exposition aux marchés actions se traduit actuellement par surexposition aux actions américaines. Sans pour autant signifier que nous avons une vue particulièrement positive sur les Etats-Unis, nous pensons que les actions Américaines présentent des valorisations plus attractives en comparaison aux autres zones géographiques.
Les actions américaines nous semblent correctement valorisées et les perspectives des entreprises restent favorables malgré la faiblesse de l’économie du pays. A terme, nous devrions d’ailleurs assister à un vrai décalage entre l’économie réelle américaine et le marché actions américain. Un décalage qui sera plus important que lors des cycles précédents car la croissance des entreprises américaines provient principalement de leurs activités sur les marchés mondiaux. Leurs bilans semblent sains comparativement à l’économie.
L’Europe pourrait sembler moins chère que le reste du monde, tout comme le Japon
Nous maintenons nos vues négatives sur le Japon, notamment parce que nous pensons que la faiblesse du yen, résultant de la politique du gouvernement suite au tremblement de terre, n’est pas susceptible de générer un essor de l’économie.
Parmi tous les secteurs, seuls deux, les matériaux de base et les technologies de l’information, semblent tirer profit des actions gouvernementales. Les autres secteurs restant décorrélés de la politique économique, nous ne partageons pas les convictions exubérantes de certains de nos confrères sur le Japon.
Prise dans son ensemble, l’Europe apparaît peu chère. Il faut cependant noter qu’un cinquième de la capitalisation européenne est composé de banques et étant donné la crise de la dette souveraine de l’Europe périphérique, nous restons sceptiques quant à la santé financière des banques européennes.
En nous basant sur notre modèle propriétaire d’évaluation, les banques européennes ont un Price-to-Book ratio proche de 1.
Le seul autre secteur qui apparaît peu cher est celui des biens de consommation. Cependant, à titre d’exemple, Mercedes-Benz, à l’instar d’autres entreprises dont la production est destinée à une clientèle haut-de-gamme, est susceptible d’être durement touchée par un effondrement de l’Euroland.
En conséquence, beaucoup d’investisseurs évitent ces secteurs tant que la crise de la dette souveraine de l’Europe périphérique n’est pas résolue.
Reste du Monde
Nous restons vigilants sur un certain nombre de fronts, qui, selon nos projections, présentent des risques:
• Le ralentissement chinois : il est maintenant clair que l’économie chinoise va subir un « atterrissage », toute la question reste de savoir s’il se fera dans la douceur ou non. Cette incertitude demeure une source d’inquiétude pour les investisseurs. La croissance devrait être comprise entre 8% et 6%, ce dernier chiffre étant bien sûr le moins favorable. Ces dernières années, la Chine nous avait habitués à une croissance de l’ordre de 11%. En termes relatifs, une croissance de 6% ressemble donc à un ralentissement économique. De plus, la récente sur-expansion du crédit bancaire nourrit les anticipations d’un prochain resserrement monétaire. Encore une fois, il ne s’agit pas du scenario que nous privilégions, mais cela reste une source de préoccupation.
• Les décisions politiques aux Etats-Unis manquent parfois de subtilité, sont un peu trop tranchées, et manque également de la dose de compromis nécessaire à un déblocage de la situation. La conséquence d’un tel environnement pourrait être un défaut technique, signal fortement négatif pour les créanciers.
• La situation en Europe périphérique reste incertaine. Nous pensons que pour que l’Europe puisse sortir de la crise de la dette, et ce sans même évoquer le cas spécifique de la Grèce, deux problématiques doivent être résolues :
- le point essentiel est la création d’une autorité fiscale en charge de la gestion de crise : des progrès sont faits dans ce sens, mais cela reste en deçà de ce qu’il faudrait mettre en place à savoir la mise en place d’un appui pour le secteur bancaire, un effort pour recapitaliser le secteur bancaire en cas d’allongement de la maturité ou de « re-profilage » de la dette périphérique, mais aussi pour renflouer les gouvernements ayant des difficultés à faire face à leurs échéances.
- il faut également aborder le problème de l’asymétrie au sein même de la zone Euro, où la compétitivité doit être restaurée via une restructuration de l’économie.
• Enfin, la situation au Moyen-Orient est pour l’instant dans une impasse, mais cela ne devrait pas avoir pour conséquence l’augmentation hors de tout contrôle du prix du pétrole. Selon nos prévisions, tant que le prix du baril de pétrole reste aux alentours de 100$, condition sine qua non à une croissance ne serait-ce que modérée, la situation restera stable.