par Sandrine Boyadjian, économiste au Crédit Agricole
• Le non-respect des nouvelles normes anti-sismiques expliquerait l’étendue des dégâts dans la région des Abruzzes.
• Même si elles sont déjà sous pression, les finances publiques sont logiquement mises à contribution.
Le séisme du 6 avril dernier qui a touché les Abruzzes dans le Mezzogiorno nous a rappelé que l’Italie était sous la menace de risques naturels importants. Selon la protection civile italienne, au moins 20 millions d’italiens seraient ainsi exposés au risque sismique. Cette région des Abruzzes, essentiellement montagneuse, à 100 km de Rome, a une faible densité. Elle avait déjà été durement touchée en 1915 par un séisme. Aujourd’hui, environ 10 000 bâtiments ont été détruits. Le non-respect des nouvelles normes anti-sismiques expliquerait pour partie l’étendue des dégâts. Jusqu’à présent, il était possible de construire un bâtiment soit selon les nouvelles normes anti-sismiques établies en 2005, soit selon les normes vieilles de quinze ans. C’est pourquoi le ministre des Infrastructures, M. Matteoli, vient de proposer un amendement qui mettra fin au double régime.
Cet événement exceptionnel va donc encore aggraver marginalement le poids du déficit budgétaire. On rappelle que le gouvernement tablait en février sur une poursuite de la dégradation de la dette publique (112 % du PIB en 2010), et ce en dépit de dépenses sous contrôle. Selon les premières estimations du gouvernement, 1,3 milliard d’euros seraient nécessaires pour la reconstruction et la remise en état des bâtiments. M. Berlusconi a annoncé, dans un premier temps, une aide de 30 millions d’euros dont une partie correspondrait à des fonds européens. Le 9 avril, il a avancé que 70 millions d’euros supplémentaires seraient débloqués. Les familles sans logement devraient recevoir un paiement de 400€/mois et les artisans, les agriculteurs et les commerçants qui ont dû suspendre leur activité 800€/mois pendant trois mois.
Comme attendu, l’indice de la production industrielle (IPI) a fortement reculé en février, de 3,5 % m/m (après -1,2% en janvier), et ce pour le dixième mois consécutif. En glissement annuel, l’activité industrielle a chuté de 20% (après -16,9% le mois précédent). Si l’IPI enregistrait une croissance nulle en mars, la production industrielle aurait reculé de 7,5% t/t au cours du premier trimestre 2009 (après -8,1% au quatrième trimestre 2008). Mais cette hypothèse de stabilisation de la production en mars semble optimiste. En effet, les enquêtes de conjoncture signalent qu’un recul de l’activité devrait se poursuivre au cours des prochains mois. L’indice de confiance PMI manufacturier et celui de l’ISAE ont atteint en mars des plus bas historiques.