par Marie-Pierre Peillon, Directrice de la Recherche de Groupama AM
Etats-Unis : L’économie a besoin d’aide, la Fed le reconnaît
Les données économiques du mois d’août étaient dans l’ensemble très mitigées rappelant que l’économie américaine restait vulnérable. En dépit d’une reprise immobilière incontestable mais encore insuffisante pour générer des effets significatifs sur l’investissement et l’emploi, l’économie « vivote » au cours de l’été.
Certes, le ralentissement du printemps ne s’est pas accentué mais les indicateurs avancés de l’activité restent fébriles. La faiblesse du marché du travail, les incertitudes liées aux élections et le « mur fiscal », combinés à la hausse récente des prix de l’énergie plaident pour une période de faibles dépenses des ménages. Inquiète de la faiblesse de la croissance américaine et préoccupée par l’insuffisance des créations d’emplois, la Réserve fédérale a annoncé le 13 septembre des nouvelles mesures exceptionnelles pour relancer la demande de crédit. La Fed s’engage ainsi dans un nouveau programme de rachat, sans limite dans le temps, d’obligations gagées sur des prêts immobiliers, et eux-mêmes garantis par le Trésor.
Par cette nouvelle action d’envergure, la Fed témoigne de l’absence de relais de la politique économique en dehors de l’action de la Banque Centrale. Le fait est que la situation fiscale ne laisse aucune marge de manœuvre du côté budgétaire et que la perspective d’un resserrement à venir de la fiscalité vient, au contraire, alimenter les inquiétudes sur la croissance future. Contrairement à ce que pourrait laisser penser la révision à la hausse de ses prévisions de croissance pour 2013, dans une fourchette de 2,5% à 3% (contre 2,2% à 2,8% en juin), le communiqué de la Fed souligne d’ailleurs de nombreux points d’insatisfaction quant à la situation économique américaine. Cette mesure doit conduire à une repentification de la courbe, favorisant ainsi les activités bancaires.
Zone euro : La détérioration de la conjoncture s’accélère, la BCE sort l’artillerie lourde
Comme attendu, le PIB de la zone euro s’est contracté de 0,2 %t/t au T2, avec, sans grande surprise, des disparités toujours très marquées. L’Allemagne échappe encore à la récession, la France continue de stagner tandis que la situation s’aggrave dans les pays de la périphérie. Hors Allemagne, l’activité a reculé de 0,4 %t/t au T2. Par delà les divergences et comme le laissent attendre les enquêtes de conjoncture, la crise touche désormais tous les pays, y compris la locomotive européenne. Compte tenu de l’ampleur de la récession et en l’absence de marges de manœuvre des gouvernements, la BCE a décidé de frapper fort. Celle-ci achètera, sans limite, ni de temps ni de quantité, la dette des Etats en difficulté sous stricte conditionnalité. En évacuant le risque extrême (dislocation de la zone euro), ces annonces marquent un changement profond dans le mode de gestion de la crise souveraine mais n’efface pas les incertitudes macro-économiques.
A court terme, le soulagement ouvre la porte à l’enclenchement d’un cercle vertueux à même de provoquer un repli spontané des taux d’emprunts des pays en difficultés avant même la mise en action de l’OMT (Outright Monetary Transaction), surtout si les banques retrouvent un accès convenable aux marchés primaires. L’Italie et l’Espagne pourraient profiter de l’embellie pour émettre à court terme dans des conditions beaucoup plus avantageuses. A plus long terme, le mouvement devrait être relayé par les achats de titres de la BCE et le retour de la confiance.
Chine : La reprise semble encore insaisissable
Les récentes données économiques montrent que l’impact de l’assouplissement de la politique monétaire a commencé à se faire sentir. L’investissement public a augmenté de manière significative ces derniers mois, en particulier dans des domaines tels que les infrastructures, les chemins de fer et la protection de l’environnement. Toutefois, le processus de reprise est limité par la faiblesse du secteur manufacturier et des exportations. Les données sur la production industrielle en août ont effectivement montré que la demande intérieure restait faible du fait de la baisse des profits des entreprises et de la pression intense du processus de déstockage. Du côté du commerce extérieur, l’économie subit les retombées du coup d’arrêt de la croissance des échanges mondiaux. Cet environnement extérieur peu porteur mais crucial pour la Chine, va continuer de peser sur l’ensemble de l’activité.
En tenant compte des dernières données et des actions politiques, il semblerait que l’économie chinoise, ait au mieux cessé de s’affaiblir mais la reprise attendue au second semestre apparait se décaler dans le temps. Les inquiétudes sur la croissance et un contexte d’inflation favorable ouvrent la porte à davantage d’assouplissement monétaire à court terme. Une nouvelle baisse des taux est très largement envisageable au cours des prochaines semaines.