par Alexandre Baradez, Responsable de l’analyse marchés chez IG France
Les signes d’une petite détente du marché de l’emploi apparaissent aux Etats-Unis, comme le montrent le dernier rapport sur l’emploi, les inscriptions au chômage ou encore le nombre d’emplois vacants.
Les inscriptions au chômage aux Etats-Unis ont rebondi cette semaine à 231000, le chiffre le plus élevé depuis août 2023. Ces derniers mois, les chiffres variaient plutôt dans la zone 200000/220000, c’est donc la première fois qu’on remonte au-delà des 230 000 depuis plusieurs mois.
A ce constat s’ajoute le repli du nombre d’emploi disponibles aux Etats-Unis que l’on peut mesurer via les chiffres JOLTS. La dernière publication est ressortie à 8.49 millions, au plus bas depuis février 2021. Il faut rappeler qu’avant la crise Covid, les JOLTS évoluaient un peu au-dessus de 7 millions. Puis le chiffre s’est envolé à plus de 12 millions en mars 2022, signe d’une tension très forte du maché du travail avec des millions d’emplois qui ne trouvaient pas preneurs avec des employeurs obligés d’augmenter sensiblement les salaires.
Le retour à 8.49 millions montre une normalisation progressive de ce marché de l’emploi. Et c’est peut-être ce que l’on a vu lors du dernier rapport sur l’emploi. La progression des salaires a ralenti à 3.9%, soit la plus « faible » progression observée depuis juin 2021 et après avoir fleurté avec les 6% en mars 2022. Si l’on regarde la progression des salaires avant la crise Covid, en 2018 et 2019 par exemple, la progression des salaires évoluait entre 3% et 3.6%. On retrouve donc des niveaux plus acceptables pour la Fed.
Le taux de chômage est légèrement remonté à 3.9% en avril contre 3.8% le mois précédent et pour mémoire, il évoluait à 3.4% en avril 2023. Enfin, les créations d’emplois non-agricoles sont retombées à 175000, le plus « bas » niveau observé depuis octobre, après 315000 en mars.
Les signes d’une détente progressive du marché de l’emploi apparaissent donc aux Etats-Unis. Mais pour que la Fed puisse de nouveau remettre en route sa rhétorique sur les baisses de taux, il faut que l’inflation suive la détente de l’emploi. Il faut que la Fed juge les progrès sur le front de l’emploi ET de l’inflation suffisants pour enclencher la première baisse de taux. La publication mercredi des chiffres d’inflation CPI sont donc attendus avec impatience, par la Fed et par les marchés.
Malgré cette détente sur l’emploi, les membres de la Fed restent très prudents dans leurs propos. Pour Neel Kashkari, le rapport sur l’emploi est « plus faible qu’attendu mais il n’est pas faible », ajoutant que « le scénario le plus probable est que nous maintenions les taux en place pendant une période de temps étendue ». Même son de cloche pour Mary Daly qui explique qu’il y a une différence entre un maché de l’emploi plus « soft » et un marché de l’emploi « qui s’affaiblit ».