par Cédric de Fonclare, gérant actions du fonds Jupiter European Opportunities
Alors que nous entrons dans la saison des annonces de résultats pour le premier semestre 2012, bon nombre d’analystes s’attendent à voir une croissance plus faible des chiffres d’affaires des entreprises, avec toutefois une certaine résistance de leurs profits.
En effet, tandis que l’économie mondiale a ralenti et que les volumes ont chuté, les prix de l’énergie et des matières premières ont également baissé du fait d’une demande moindre et d’une surabondance de gaz de schistes aux Etats-Unis. Jusque-là, les résultats semestriels sont conformes aux attentes, bien que les prévisions pour le second semestre soient plus faibles. La visibilité sur les profits futurs a aussi baissé, alors que la reprise attendue des économies asiatiques, telles que la Chine ou l’Inde, tarde à se matérialiser.
Malgré cela, nous avons vu le secteur du luxe se comporter plutôt bien en dehors de l’Occident, dans la mesure où la demande pour ce type de produits continue de se développer, plus particulièrement au Brésil. Parmi les compagnies bénéficiant de cette tendance, on peut citer Swatch, L’Oréal et LVMH. Le luxe est un secteur sur lequel notre portefeuille d’actions européennes Jupiter European Opportunities est exposé.
Le secteur de l’agrochimie est également en bonne forme, avec des entreprises présentant des résultats robustes, telle Syngenta. Dans le secteur des technologies, les entreprises BtoC, comme Nokia et Logitech, ont souffert d’une demande qui reste faible et ont annoncé des profits warning. Néanmoins, les entreprises orientées BtoB ont mieux réussi. L’éditeur de logiciels SAP est récemment devenu la plus grande entreprise en termes de capitalisation du marché actions allemand. Elle a donc dépassé le géant de l’ingénierie Siemens, qui emploie quelques 360 000 personnes versus 55 000 chez SAP.
L’aéronautique montre également des tendances positives. Des entreprises telles que Boeing bénéficient de bilans solides et de carnets de commandes bien remplis du fait d’une demande croissante, émanant plus particulièrement des marchés émergents. Ces carnets de commandes leur donnent une bonne visibilité sur les profits à venir et bénéficient également à leurs fournisseurs, à l’image de Zodiac, détenue en portefeuille chez Jupiter AM, qui a annoncé de bons résultats pour le premier semestre 2012.
Les secteurs qui se sont moins bien comportés et sur lesquels nous sommes plus prudents sont ceux dans lesquels nous avons vu des entreprises se replier. Telefónica en Espagne, par exemple, pourrait se voir contrainte de se séparer de ses meilleurs actifs en Amérique Latine pour consolider ses finances, puisque son marché domestique reste faible. La compagnie a suspendu le versement de dividendes, qui était dans le passé la principale raison pour la détenir en portefeuille. Son cours de bourse a perdu jusqu’à près de 30% pendant la première moitié de l’année, avant de rebondir pour finir au 30 juin 2012 à une baisse de 22%, selon Bloomberg.
Enfin, un autre secteur qui, selon nous, pourrait rencontrer des difficultés, est celui des utilities, sujet à des interventions politiques telles qu’une hausse des taxes ou une suppression des subventions, reflétant les mesures d’austérité. Les banques sont également dans une période de repli, à mesure que la régulation pesant sur elles s’accroît suite à la crise financière et que les pressions augmentent pour qu’elles réduisent leur endettement et consolident leur capital. Leur cours de bourse peut apparaître comme étant peu cher, mais nous voyons peu de raisons de les détenir en portefeuille en ce moment.
Malgré ces distinctions à apporter entre les secteurs et les entreprises, nous nous attendons à ce que le marché dans son ensemble continue à être à la merci de facteurs macroéconomiques, et plus spécifiquement, des résultats des négociations entre les dirigeants européens sur l’avenir de la zone euro. Les prévisions actuelles sont toujours que la Banque Centrale Européenne fera tout ce qui est en son pouvoir pour sauvegarder la monnaie unique, que cela soit en créant de la monnaie ou en émettant des obligations communes.
En attendant, si les économies aussi bien occidentales et qu’orientales continuent à se détériorer, les principales banques centrales ne manqueront pas de réagir. Les actions restent faiblement représentées dans les portefeuilles des investisseurs, par conséquent, tout changement de perception est susceptible de générer un afflux de capitaux sur le marché. Dans cet environnement, nous continuons à favoriser les entreprises avec un bilan solide et de bons fondamentaux, qui sont, à notre avis, les mieux placées pour délivrer de bons rendements.