par Patrick Moonen, Stratégiste Senior Multi Asset chez NN Investment Partners
Le marché le plus performant depuis le début de l’année est le Japon. La région répond à la préférence des investisseurs pour les marchés offrant une croissance bénéficiaire supérieure, une politique monétaire souple, une prime de risque élevée sur les actions avec une perspective de réformes structurelles et une meilleure gouvernance des entreprises.
Les révisions des prévisions bénéficiaires sont positives et la croissance bénéficiaire est tirée non seulement par une dépréciation du yen et une accélération de la croissance économique, qui sont des éléments cycliques, mais aussi par des changements structurels au niveau du comportement des entreprises. Sous l’impulsion de forces institutionnelles, un changement comportemental est en train de s’opérer au sein des entreprises japonaises. L’accent est mis sur la création de valeur pour l’actionnaire. Parmi les nouvelles règles importantes, le nouveau code de gouvernance des entreprises entré en vigueur en juin encourage les sociétés à fixer des objectifs de rendement et à expliquer les raisons stratégiques des participations croisées, le ‘Japan Stewardship Code’ incite les investisseurs à s’exprimer davantage et les réformes fiscales tentent d’imposer une utilisation efficace du capital. Les premiers effets sont déjà visibles sous la forme d’une augmentation des rachats d’actions propres et d’une hausse des dividendes. En 2014, ces derniers ont atteint 12.000 milliards de yen, soit deux fois le montant distribué en 2009 et un nouveau record historique. À terme, ceci entraînera un niveau de rendement des fonds propres plus ‘occidental’ et une hausse du ratio P/B.
Entre-temps, l’Abenomics continue à progresser grâce notamment au fait que le parti démocratique libéral (LDP) est davantage en position d’imposer des réformes structurelles. Les élections régionales d’avril ont en effet confirmé que le LDP était la seule force dominante dans le paysage politique actuel. Les projets de loi introduits durant la session parlementaire actuelle ont pour objectif de porter le taux de croissance de l’économie japonaise à un niveau structurellement plus élevé.
La BoJ est pour sa part prête à intervenir en cas de nécessité. L’inflation est restée inférieure aux attentes et la BoJ a déjà annoncé qu’elle ne s’attendait plus à ce que l’objectif des 2% soit atteint en 2015, mais plutôt au premier semestre de 2016. Sans assouplissement supplémentaire, sa volonté d’atteindre son objectif d’inflation pourrait être remis en question par les acteurs du marché.
S’ajoute à ceci le niveau des valorisations. La prime de risque des actions japonaises s’élève à 4,8%, soit un écart type de 1,6 au-dessus de la moyenne à long terme et 0,5% de plus que la moyenne mondiale. Sur la base du rapport P/E, le marché japonais et le marché européen affichent des valorisations similaires. Après correction pour les compositions sectorielles différentes, le Japon affiche cependant une décote de 12%, deux secteurs seulement (les services aux collectivités et les soins de santé) sur dix étant plus chers que dans la zone euro. Sur la base du ratio P/B, le Japon est même 27% moins cher, mais ceci est bien sûr lié au rendement des fonds propres plus faible des entreprises japonaises (6,8% contre 8,9% dans la zone euro). Comme déjà évoqué, nous sommes d’avis que le Japon devrait progressivement combler le fossé vis-à-vis des autres régions grâce à des changements comportementaux structurels.
Enfin, la tendance au niveau des cours et des flux d’investissement est positive. Tout ceci nous incite donc à conserver notre surpondération du Japon, voire à l’accentuer encore davantage.