Les licornes se cachent dans le Grand Nord

par Janne Kujala, Responsable du fonds Evli Swedish Small Cap 

« Si vous deviez renaître n’importe où dans le monde en tant que personne aux talents et aux revenus normaux, vous voudriez être un Viking » affirme The Economist1. En effet, les pays nordiques ont réussi à combiner efficacité et croissance économiques avec une répartition équitable des revenus et une cohésion sociale. C’est pourquoi les investisseurs devraient s’intéresser de plus près aux marchés nordiques, et en particulier à la bourse de Stockholm et à son segment small caps, qui compte plusieurs sociétés dites « licornes » et offre la possibilité de générer une surperformance notamment grâce à des critères ESG de haut niveau.

Le marché des small caps suédoises : une pépinière à licornes

Si Spotify et Skype ont atteint la taille d’une licorne dans les jardins clos des fonds de venture capital, inaccessibles à la plupart des investisseurs, il existe aussi un espace coté de cette pépinière à licornes, plus facile d’accès. Il s’agit de la bourse de Stockholm et de son segment small caps.

Les investisseurs sur cette classe d’actifs ont obtenu des résultats extraordinaires. L’indice Carnegie Swedish Small Cap (un indice de référence couramment utilisé) a enregistré un rendement annuel de 16,4 % au cours des dix dernières années. Ces chiffres sont tout à fait comparables aux rendements les plus élevés obtenus par les investisseurs dans les fonds de venture capital, mais avec l’avantage supplémentaire d’une liquidité quotidienne.

Le marché coté suédois est étonnamment profond, large et développé pour un petit pays européen. Le nombre d’entreprises cotées à la bourse de Stockholm dépasse les 800 noms, dont une cinquantaine peuvent être considérées comme de grandes entreprises avec des capitalisations boursières supérieures à 10 milliards d’euros. Ces dernières années, la Suède a également été l’un des marchés d’introduction en bourse les plus actifs d’Europe, avec des dizaines de cotations rien qu’en 2020.

Des sociétés suédoises moins connues et performantes

Ce terreau fertile a donné naissance à plusieurs entreprises que les investisseurs en venture capital qualifieraient de « licornes ». Mais comme les marchés cotés n’ont ni le glamour ni la célébrité mondiale qui caractérisent le monde du capital-risque, il est peu probable que vous ayez déjà entendu parler de ces entreprises.

Par exemple, l’entreprise Sinch, qui est une plateforme de communication. Le nom ne vous dit peut-être rien, bien qu’en supposant que vous ayez un smartphone, il est très probable que vous ayez utilisé les services de Sinch – notamment, pour obtenir votre carte d’embarquement d’une compagnie aérienne via une application de messagerie. Sinch a été cotée sur le marché principal de Stockholm en 2015, et sa capitalisation boursière était d’environ 7 milliards de couronnes suédoises (700 millions d’euros) en 2019. En avril 2021, Sinch était valorisée à plus de 100 milliards de couronnes suédoises. Avec une valorisation supérieure à 10 milliards d’euros, dans le jargon du venture capital, cette société serait la plus rare des bêtes rares : un décacorn. Et les investisseurs en capital-risque en ont pris note : Softbank a effet pris une participation dans Sinch en 2020.

Un autre exemple : la société MIPS, mais avec déjà peut-être une certaine notoriété – du moins parmi ceux qui font du ski ou du vélo. Les casques MIPS, discrètement reconnaissables par un point jaune à l’arrière, sont considérés (et ont été prouvés par des tests) comme offrant la meilleure protection en cas d’accident. Cependant, MIPS ne fabrique ni ne vend de casques. Il s’agit plutôt d’une société de propriété intellectuelle, qui concède des licences de ses technologies à des marques de casques. MIPS a été cotée à Stockholm en 2017 avec une capitalisation boursière d’environ 1 milliard de couronnes suédoises (100 millions d’euros) et est aujourd’hui évaluée à 17 milliards de couronnes suédoises (1,7 milliard d’euros), une valorisation digne d’une licorne.

Allier performance et durabilité

L’indexation passive ou le trading algorithmique ne dominent pas les marchés small caps comme sur le segment des large caps. Étant donné que les investisseurs se concentrent davantage sur les grandes entreprises, un sélectionneur de titres actif dispose de plus d’opportunités pour générer une surperformance sur le segment des small caps. Par conséquent, le fonds Evli Swedish Small Cap, lancé en 2008, a surperformé son indice de référence, l’indice Carnegie Sweden Small Cap, de 2,5 % en euros par an depuis sa création (au 29.4.2021).

De plus, le marché des small caps suédoises et les marchés nordiques en général, bien qu’ils soient comparativement petits, sont des géants en matière de durabilité. En effet, les entreprises incluses dans l’indice VINX Nordic Equity ont une note ESG plus élevée (AAA) que celles de leurs homologues du MSCI Europe (AA) et du MSCI World (A). Et investir sur le marché des small caps suédoises offre également une faible intensité d’empreinte carbone, comme le fonds Evli SwedishSmall Cap qui présente une très faible intensité carbone de 34 t CO2/$M CA. En fait, les pays nordiques ont été des précurseurs en matière de durabilité et nous sommes convaincus depuis longtemps chez Evli que l’intégration des critères ESG dans le processus de sélection et d’investissement est la clé d’une meilleure performance. Ainsi, avec des niveaux ESG élevés ainsi que des entreprises performantes et innovantes, il ne fait aucun doute que le segment des smallcaps suédoises suscitera l’intérêt des investisseurs internationaux.

NOTE

1https://www.economist.com/leaders/2013/02/02/the-next-supermodel?fbclid=IwAR1x14g_99A7dEew35sxNeffsJ85Q2aJA8gIS5APh3PQXLI3nxRB15PLatY