L’humanité a plus que jamais besoin de se mettre à la diète

par Jack Neele, Portfolio manager chez Robeco

·       À cause des restrictions sanitaires, un être humain sur trois a grossi

·       L’humanité devait déjà surveiller son (sur)poids avant la pandémie

·       L’évolution des habitudes de consommation offre des opportunités d’investissement

Près d’un tiers de la population mondiale a pris du poids depuis le début de la pandémie, avec un gain moyen de 6,1 kg.

Que s’est-il passé ?

Le Covid-19 a des répercussions durables sur la santé de l’humanité, et notamment la prise de poids : selon une étude récente réalisée dans 30 pays, 31 % de la population mondiale a vu son embonpoint augmenter depuis la pandémie1. Cette étude met en lumière un aspect particulièrement délétère du confinement sur la santé humaine.

La situation varie d’un pays à l’autre et la proportion de personnes ayant pris du poids varie considérablement. Ainsi, plus de la moitié de la population a grossi au Chili et au Brésil, contre seulement 30 % à 40 % au Pérou, en Inde, en Italie, en Arabie saoudite, aux États-Unis, en Espagne, en Afrique du Sud et en Turquie. En Chine et à Hong Kong, seule une personne sur dix estime avoir pris du poids.

D’après cette étude, la prise de poids s’établit en moyenne à 6,1 kg. C’est en Arabie saoudite et au Mexique qu’elle est la plus importante (8 kg en moyenne pour les 35 % de Saoudiens qui ont grossi et 8,5 kg pour les 34 % de Mexicains qui ont pris du poids).

Pourquoi est-ce important ?

Les études scientifiques sont nombreuses à souligner les conséquences désastreuses de la pandémie sur la santé (dépression, manque de sommeil, stress, anxiété…), et proposent des mesures pour y remédier. Dans ce contexte, une prise de poids collective peut sembler anodine. Mais sur une population mondiale déjà en obésité sévère ou en surpoids, il s’agit d’un problème important.

Une grande partie de la population est en surpoids
Source : Observatoire mondial de la santé de l’OMS.

Selon les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 1,9 milliard de personnes de plus de 18 ans étaient en surpoids au niveau mondial en 2016, dont 650 millions étaient obèses2. L’attention de plus en plus forte qu’accordent les consommateurs à la santé et au bien-être, et notamment à la nutrition, ne devrait aller qu’en s’accroissant.

Ces dernières années, nombreux sont ceux qui ont opté pour des régimes alimentaires plus sains et plus durables : réduction des apports en glucides et en lipides, place prépondérante des aliments frais, réduction de la consommation de produits transformés et emballés. La consommation de viande a également beaucoup baissé pour des raisons écologiques et les options végétales ont tiré leur épingle du jeu.


Quelles conséquences pour les investisseurs ?


Parce qu’elles s’appuient sur des enjeux de santé forts, ces évolutions de la consommation alimentaire devraient continuer d’influencer la demande dans les quatre à cinq prochaines années, mais aussi dans les prochaines décennies. Pour les investisseurs, cela sera synonyme d’opportunités d’investissement dans des entreprises qui contribuent à cette transition vers une production et une consommation alimentaires plus responsables.

Dans ce contexte, l’investissement dans l’alimentation de demain est devenu un thème phare de notre stratégie actions Global Consumer Trends. Si, sur le marché des biens de consommation, les grands noms risquent de rencontrer des difficultés, ceux qui possèdent la bonne stratégie et misent sur des produits plus sains et plus durables devraient bénéficier de l’évolution des préférences des consommateurs.

Il existe aussi, selon nous, des opportunités d’investissement dans des segments tels que les boissons et aliments d’origine végétale, les kits repas et les ingrédients alimentaires. Si le nombre d’entreprises cotées est pour l’heure limité, l’écosystème du capital-risque fait émerger de plus en plus de sociétés qui pourraient bientôt faire leurs premiers pas en bourse.

NOTES

1 Bailey, P., Purcell, S., Calvar, J. and Baverstock, A., 20 January 2021, “The implications of COVID-19 on our diet & health”, Ipsos Mori.
2 See: WHO, 1 April 2020, “Obesity and overweight” Fact sheets.