L’instabilité des marchés pourrait se poursuivre

par Benoit Jauvert, Président de la Financière de l’Oxer

Après huit mois de hausse consécutive, les marchés européens ont stagné en février. Plusieurs éléments ont milité pour cette pause (que nous évoquions dans notre focus marché du mois dernier), à commencer par un environnement économique qui s'est dégradé en Europe avec des indicateurs d'activité décevants et une nouvelle progression du chômage. Aussi, le climat a été incertain aux Etats-Unis avec les craintes d'un arrêt prématuré des interventions de la Réserve Fédérale et des discussions toujours aussi âpres entre démocrates et républicains sur les coupes budgétaires. Pour finir, l'imbroglio des élections italiennes a marqué le retour du risque politique en Europe.

Au final, l'indice Euro STOXX 50 reculait sur le mois de 2,54%, principalement affecté par le plongeon des marchés italien (-8,68%), hollandais (-3,61%) et espagnol (-1,58%). L'indice STOXX Europe 600 terminait quant à lui sur un gain de 1,15% grâce notamment à la progression du marché suisse (+3,45%) et UK (+1,83%).

Après une évolution en montagnes russes sur la deuxième quinzaine du mois, l'indice phare parisien terminait, quant à lui, sur un léger recul mensuel (-0,25%).

Malgré l'échec des discussions sur les réductions de dépenses publiques, les marchés américains ont profité de la robustesse des statistiques économiques pour s'afficher en surperformance par rapport aux marchés européens. Sur le mois, l'indice Dow Jones et Standard & Poor's ont, respectivement, progressé de 1,76% et 1,36%. Le renforcement du dollar face à l'euro depuis le début du mois amenait même à creuser cet écart de performance entre les deux continents, puisque convertis en euro, les performances de l'indice Dow Jones et Standard & Poor's ressortaient à 5,66% et 5,24%.

Au niveau sectoriel, les télécommunications ont nettement sous-performé le marché. La thématique de l'endettement pèse sur les principaux opérateurs qui ont subi de lourds dégagements : Deutsche Telekom (-9.1%), Telefonica (-6.4%), France Télécom (-11.3%) et Telecom Italia (-22.7%). La palme revenant à KPN qui a annoncé une augmentation de capital significative : la valeur a plongé de 37%. Le secteur bancaire et les matériaux de base ont également été sous pression en février. A l'inverse, le secteur de l'alimentation et boissons s'est distingué à la hausse avec les bons parcours d'AB Inbev, Heineken ou encore Danone. Le secteur de la construction et les biens et services industriels venaient compléter le palmarès des meilleures progressions sectorielles.

Alors que les publications de résultats annuels touchent à leur fin, le flux de nouvelles micro- économiques va se tarir et laisser place à des nouvelles d'ordre macro-économique voire politique. L'instabilité des marchés pourrait se poursuivre au cours des semaines à venir et dans certains cas, offrir des points d'entrée attractifs sur les marchés actions.