par Chris Bullock, gérant du Horizon European Corporate Bond Fund chez Henderson Global Investors
Le marché du crédit a bien démarré l’année, les données économiques en provenance des Etats-Unis se sont légèrement améliorées et les investisseurs ont montré une certaine appétence pour le crédit. Le lancement par la BCE de son opération de refinancement à trois ans est perçu par les investisseurs dans leur ensemble comme un élément positif pouvant changer la donne et commence à générer une réelle demande pour le crédit à beta élevé. La question est de savoir si cet engouement va se prolonger ?
Une chose est sûre cependant, les nouvelles émissions ont été relativement attractives. Les premiums sur émissions que ce soit sur les obligations sécurisées, les obligations d’entreprises ou encore sur les obligations financières non sécurisées, ont été relativement importantes et la demande sur ce type d’actifs a été extrêmement forte. Nous avons vu des émissions qui ont été sursouscrites sept voire huit fois. Il semble en revanche que ce soit les entreprises les plus solides qui aient accès au marché et nous n’avons donc pas vu de sociétés plus faibles faisant appel au marché. Le marché européen des obligations à haut rendement a donc encore surement de beaux jours devant lui.
Ceci mis à part, il est clair que l’opération de refinancement à long-terme (LTRO), est positive à court-terme mais il reste à déterminer si elle va vraiment régler les problèmes sous-jacents tels que le surendettement des Etats et du secteur bancaire, il reste donc encore pas mal de progrès à faire au cours des prochaines années pour arriver à régler cela.
L’autre élément positif pour le marché est que les investisseurs restent relativement prudents. Si l’on revient un an en arrière, début 2011, les perspectives de croissance et de gains étaient globalement bonnes. En ce début 2012, les investisseurs sont prudents et ont tendance à être moins exposé au marché du crédit, il en va de même pour les positions des courtiers et d’un point de vue contrariant, il s’agit là d’un bien meilleur point de départ.
Ceci est de très bon augure sur le court-terme mais, pour ce qui concerne les investissements à long-terme, de nombreux risques demeurent.
Une fois de plus, un accord devra être trouvé notamment concernant le plan de participation du secteur privé (PSI) grec. Le risque de défaut de la Grèce est encore relativement élevé et il est difficile d’affirmer que cela n’aura pas d’impact négatif sur les marchés. Nous sommes convaincus que, contrairement aux récentes dégradations par S&P de plusieurs pays européens, un défaut de la Grèce aurait quant à lui un impact beaucoup plus important.
Il est évident que si l’Europe souhaite avancer vers une intégration fiscale plus large et plus approfondie, il sera nécessaire pour les pays européens d’effectuer en 2012 des référendums et il est difficile de prévoir qui du oui ou du non l’emportera.
Enfin, l’obsession de l’Europe pour les plans d’austérité finira par avoir un impact négatif sur la croissance au cours de l’année et il est évident qu’à l’heure actuelle, les politiques n’apportent pas vraiment de solutions aux problèmes sous-jacents des déséquilibres commerciaux et aux questions de productivité auxquels la zone euro fait face actuellement.
Tous les regards sont actuellement tournés vers la Grèce, les émissions obligataires en cours des états souverains européens ainsi que les premières annonces de résultats. Mais, ce qui est sûr, c’est qu’avec des taux d’intérêts plus ou moins inchangés sur les marchés développés offrant des taux réels négatifs, les obligations d’entreprises continuent d’offrir un ratio rendement/risque relativement attractif.