par Eric Vergnaud, économiste chez BNP Paribas
La Commission européenne a approuvé cette semaine le plan de redressement des finances publiques de la Grèce, qui prévoit un retour du ratio déficit sur PIB sous 3% en 2012. Les mesures du côté des recettes (suppression d’exonérations fiscales, augmentation des droits d’accise sur le tabac et les alcools, lutte contre l’évasion fiscale, réforme visant à élargir la base fiscale…) se conjuguent à de fortes restrictions des dépenses (baisse des salaires d’embauche – les recrutements étant gelés en 2010 – des fonctionnaires, gel des traitements supérieurs à 2000 euros, remplacement de seulement un fonctionnaire sur cinq partant à la retraite…).
En outre, le gouvernement grec s’est engagé à mettre en place des réformes structurelles visant à améliorer le fonctionnement du marché du travail et à faciliter l’investissement, ce qui devrait permettre de soutenir la croissance potentielle.
Toutefois, les autorités européennes vont exercer une surveillance étroite : la Grèce devra prendre sans attendre des mesures supplémentaires si les objectifs ne sont pas atteints et est tenue de soumettre à la mi-mars, puis à la mi-mai un rapport sur l’état d’avancement de la mise en place de son plan. Ces dispositifs, pourtant exceptionnels, n’ont pas suffi à calmer les inquiétudes des marchés financiers, puisque la prime du CDS à 5 ans sur la dette hellénique, encore sous 400 points de base mercredi, est passée très nettement au-dessus de ce niveau depuis lors. Pour mémoire, cette prime se situait à moins de 285 pb en début d’année et n’avait atteint que 270 pb lors du précédent accès de fièvre en mars 2009. Par ailleurs, la détente sur les rendements des titres d’Etat grecs à 10 ans, revenus sous 6,65%, après avoir approché 7,20% la semaine dernière tient moins à un apaisement des tensions, qu’à leur contagion aux titres portugais dont le rendement s’est envolé au cours des derniers jours, au-dessus de 4,70% en fin de semaine, alors qu’il était encore à 4,20% le 27 janvier. La solidité de la zone euro est de nouveau testée et la prochaine victime de la crise actuelle pourrait être l’Espagne, fragilisée par la dureté de la crise immobilière, et confrontée également à des difficultés budgétaires importantes.
La baisse de la parité EUR/USD, au plus bas depuis huit mois, traduit en partie ces inquiétudes autour de la capacité de certains pays de la zone euro à stabiliser leur endettement, voire même à financer leurs déficits. Celles-ci se conjuguent à la montée des craintes sur la qualité et l’amplitude de la reprise à la fois dans la zone euro et aux Etats-Unis qui fait fléchir l’appétit pour le risque des investisseurs. Cette situation est, comme d’habitude, favorable au dollar, en dépit des interrogations sur l’économie américain. Un retour de la parité EUR/USD sous 1,30 d’ici à la fin de l’année devient désormais possible, le thème des dettes souveraines au sein de la zone euro devant très probablement continuer de peser sur la monnaie unique au cours des prochains mois, en dépit de la confiance affichée par les autorités européennes, gouvernements, Commission et Banque centrale, dans la capacité de la zone euro à redresser à terme ses finances publiques.
A l’occasion de la réunion du Conseil des Gouverneurs tenue jeudi dernier, la BCE a laissé les taux directeurs inchangés et M Trichet a indiqué que les perspectives économiques de la zone euro n'avaient guère changé depuis la réunion précédente. La croissance devrait rester modérée et hétérogène cette année, compte tenu de la hausse du chômage, de la faiblesse des investissements et du degré élevé d'incertitudes. Le Président de la BCE s'est par ailleurs montré confiant quant à l'évolution de l'inflation, estimant que les pressions inflationnistes seront faibles à moyen terme. Dans ces conditions, une remontée des taux directeurs ne semble pas envisageable avant 2011. Par ailleurs, la BCE va poursuivre sa sortie prudente des politiques non conventionnelles de crédit.
Le taux de chômage américain a reculé de 10% à 9,7% de décembre à janvier, mais 20 000 emplois supplémentaires ont été détruits. Les suppressions de postes (dans le secteur non agricole) ont été revues à la hausse (+600 000) pour l’ensemble de l’année 2009, atteignant désormais 8,4 millions depuis le début de cette récession fin 2007. Pour autant, Toutefois, l’amélioration progressive des conditions sur le marché du travail se confirme. Ainsi, en moyenne mobile sur trois mois, le recul des effectifs non agricoles n’était plus que de 35 000 en janvier, alors qu’il dépassait nettement 700 000 tout au long du premier trimestre 2009.