par Charlotte de Montpellier, Senior Economiste chez ING
La production industrielle française a diminué en avril, après avoir déjà baissé en mars et février. Compte tenu des indicateurs de confiances, la production industrielle pourrait encore baisser en mai. Cela vient confirmer notre prévision d’une contraction du PIB au deuxième trimestre.
Troisième baisse consécutive pour la production industrielle
En avril, la production industrielle française a de nouveau diminué, de 0.1% sur le mois pour l’ensemble de l’industrie et de -0.4% sur le mois pour l’industrie manufacturière. C’est le troisième mois consécutif de baisse pour la production industrielle française. En conséquent, la production industrielle se trouve désormais 1.6% en-dessous de son niveau de début d’année et plus de 5% inférieure à son niveau d’avant pandémie. La cause de la baisse du mois d’avril est à mettre sur le compte d‘une baisse de la production dans les industries agro-alimentaires (-2.0% sur un mois), dans la fabrication de biens d’équipements (-0.8%), et dans les autres produits industriels (-0.8%). La production a en revanche fortement rebondi dans la fabrication de matériel de transport (+5.1% sur un mois), mais le niveau de la production reste extrêmement faible, en recul de 26% par rapport au niveau d’avant crise sanitaire.
Une récession probablement en cours, avant un rebond léger
Ces données indiquent que, à l’entame du deuxième trimestre, le secteur industriel français souffre fortement du contexte de la guerre en Ukraine, de hausse des prix, de difficultés d’approvisionnement et des confinements en Chine. Il est peu probable que la situation s’améliore nettement pour le reste du deuxième trimestre. En effet, l’indicateur du climat des affaires s’est détérioré dans l’industrie en mai, affecté par la baisse des perspectives de production et des carnets de commandes étrangers.
L’incertitude économique ressentie par les industriels demeure également à un niveau très élevé. Les perspectives pour l’industrie sont donc dégradées. Dans le même temps, la consommation en volume de biens a diminué de 0.4% en avril et la confiance des consommateurs a encore diminué en mai après les fortes baisses de mars et avril, s’établissant très en en-dessous de son niveau moyen. Tout cela vient donc confirmer notre prévision d’une contraction du PIB français au deuxième trimestre, même si les perspectives pour le secteur des services sont plus favorables que celles pour l’industrie. Compte tenu de la baisse du PIB observée au premier trimestre 2022, cela implique que l’économie française se trouve, selon nous, actuellement en récession technique. Nous prévoyons ensuite un redressement léger de la croissance économique u troisième trimestre, notamment grâce au rebond attendu de l’activité touristique. Dès lors, pour l’ensemble de 2022, nous tablons désormais sur une croissance du PIB de 2.1%.