Perturbations dans l’approvisionnement en gaz de l’Europe

par Tomas Hildebrandt, Gérant Senior en charge de la gestion institutionnelle d’actifs français

Les livraisons de gaz de la Russie à l’Europe risquent d’être suspendues en raison des sanctions. Elles pourraient ainsi être interrompues dès l’achèvement de la maintenance annuelle du gazoduc Nordstream. Le gaz naturel a atteint des prix record en Europe.

Le prix du pétrole brut, en revanche, a quelque peu baissé par rapport à son sommet et ceux du cuivre et de nombreux autres métaux ont également baissé, car les perspectives mondiales se détériorent.

Les turbulences sur le marché de l’énergie ont incité le gouvernement français à nationaliser la plus grande entreprise énergétique du pays, EDF, dont il détenait déjà 84 %. Le gouvernement allemand accorde un plan d’aide de près de 8 milliards d’euros à la société énergétique Uniper, qui a connu des difficultés en raison de problèmes d’approvisionnement en gaz et de l’évolution des prix.

Aux États-Unis, une décision de la Cour suprême a un impact sur la lutte contre le changement climatique.

En juin, la Cour a rendu une décision qui restreint la marge de manœuvre de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) pour contrôler les émissions de CO2 des centrales électriques et des usines de production sans l’autorisation du Congrès.

Il est à craindre que cette décision ne ralentisse les efforts de lutte contre le changement climatique et ne retarde la réalisation des objectifs en faveur du climat. Le Congrès a eu du mal à adopter des lois sur le climat ces dernières années et reste considéré comme vulnérable face au lobbying de l’industrie.

La décision de la Cour suprême réduit la réglementation fédérale sur les entreprises et met l’accent sur les mesures prises par les États. À l’avenir, il conviendra de s’intéresser à l’évolution des dispositifs d’échange de droits d’émission dans les différents États et à la participation des entreprises à ces dispositifs.

Des records de chaleur et de sécheresse ont causé des tourments dans le monde entier au cours de l’été. Au Pakistan et en Inde, les températures diurnes ont atteint près de 50°C. En Europe également, de graves vagues de chaleur ont été enregistrées et, en France et dans le nord de l’Italie, une grave sécheresse pourrait affecter la production alimentaire de ces pays.

Les économies émergentes se sont beaucoup inquiétées de la disponibilité mondiale des produits céréaliers et du risque de famine. Selon l’estimation du Département de l’agriculture des Etats-Unis (USDA), la production mondiale de blé ne diminuera toutefois que légèrement par rapport à l’année record de 2021. Le prix du blé sur le marché des matières premières de Kansas City a en effet baissé par rapport à son niveau record du début de cette année.

Le Parlement européen prend une grosse part du gâteau climatique

Au cours de l’été, le Parlement européen a créé un important paquet climatique. Le Parlement est finalement parvenu à un accord sur l’extension du système d’échange de quotas d’émission de l’UE à la gestion des déchets et au fret maritime.

Le Parlement soutient l’utilisation de quotas d’émissions également dans les transports et pour tout le chauffage, mais avec une introduction progressive, en commençant par les transports et le chauffage des bâtiments commerciaux.

Les biens immobiliers privés et les voitures des particuliers seraient initialement exclus. L’intention est d’introduire une taxe carbone pour les biens importés d’ici 2032.

Toutefois, les objectifs de réduction des émissions fixés par le Parlement étaient moins élevés que prévu, et les décisions relatives à l’échange de droits d’émission n’auront de valeur juridique qu’après de nouvelles négociations.

Le Parlement est également parvenu à un accord sur l’éligibilité controversée de l’énergie nucléaire et du gaz. Ils ont été approuvés comme des formes d’énergie respectueuses de l’environnement, ce qui facilite le financement de leur production. Le Luxembourg et l’Autriche ont toutefois l’intention de contester la décision devant la Cour de justice de l’UE avant que la décision du Parlement n’ait force de loi.

Les banques centrales réagissent à l’accélération de l’inflation

Comme prévu, la Banque centrale européenne a augmenté son taux de refinancement et son taux de dépôt de 0,50 point de pourcentage, mettant ainsi fin à la période de taux d’intérêt négatifs. La Fed américaine a relevé son taux des fonds fédéraux de 0,75 point de pourcentage pour atteindre le niveau cible de 2,25 à 2,50 %.