par Angus Hui, Responsable Crédit asiatique et marchés émergents chez Schroders
La demande d’obligations ESG est en forte croissance en Asie. Cette croissance offre des opportunités aux investisseurs, mais ne doit pas être considérée comme un raccourci pour se passer d’une analyse attentive en profondeur.
Dans les années à venir, nous nous attendons à une croissance très rapide des obligations durables en Asie. En effet, nous sommes actuellement à un point de bascule. Selon notre analyse, près de 20 % des émissions brutes en Asie en 2021 ont jusqu’à présent été des obligations vertes, sociales, durables et liées à la durabilité.
Les émetteurs asiatiques sont la plus grande source d’obligations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) dans les marchés émergents.
Les opportunités s’étendent
La croissance continue des émissions d’obligations ESG offrira un plus large choix aux investisseurs souhaitant allouer leur capital non seulement à la production d’un rendement financier, mais aussi vers certains objectifs, tels que la diversité ou le « verdissement » de l’économie.
En Asie, la demande en obligations liées aux critères ESG reste axée sur la lutte contre changement climatique. Cette demande éclipsait les obligations sociales jusqu’à l’épidémie de Covid-19, qui a accru la prise de conscience des problématiques sociales telles que l’égalité et la pauvreté.
Nous voyons des opportunités dans le secteur des énergies renouvelables et des obligations vertes des entreprises immobilières.
L’Inde est un acteur majeur dans le domaine des obligations vertes, en particulier émises par les entreprises d’énergie renouvelable, en partie en raison du déséquilibre entre l’offre et la demande dans le pays. Certains promoteurs immobiliers chinois sont actifs dans les obligations vertes à haut rendement. Avec les obligations renouvelables, ils constituent la majorité du marché des obligations vertes à haut rendement en Asie.
Bien qu’à la traîne par rapport aux obligations vertes en terme d’émissions, les obligations sociales bénéficient d’un soutien croissant des investisseurs à l’heure où les émetteurs révèlent de plus en plus en détail la façon dont les recettes permettront d’atteindre les Objectifs de Développement Durables de l’ONU, tels que l’attention au bien-être des employés ou la réduction de la pauvreté.
L’une des opportunités d’investissement consiste à identifier les marques dont la transparence et la gouvernance s’améliorent, ainsi que celles ayant adopté une approche réfléchie dans leur transition et leur gestion des risques climatiques. Par exemple, il semble de plus en plus probable qu’il va devenir plus ardu pour les entreprises minières de s’assurer des financements à l’avenir, ce qui aura pour conséquence d’augmenter les risques de crédit. En comparaison, les entreprises énergétiques possédant une structure de transition solide seront plus compétitives.
Alors que le « E » et le « S » sont devenus plus actuels, mettre de côté le « G » est une erreur potentielle, étant donné qu’il joue un rôle central dans l’analyse de crédit, en aidant à déterminer le potentiel de baisse des évaluations, ou les probabilités par défaut. Les entreprises avec une meilleure gouvernance ont aussi tendance à se montrer à la hauteur de leurs responsabilités environnementales et sociales.
Nous évaluons la qualité ESG globale d’une entreprise afin d’en avoir une meilleur perspective. Nous constatons qu’il existe une corrélation limitée entre l’émission d’une obligation verte et la durabilité globale de l’entreprise.
Les promoteurs immobiliers chinois, par exemple, peuvent émettre une obligation verte dans le cadre d’un projet spécifique. Si l’entreprise a un portefeuille de propriétés important et diversifié, vous devez vous assurer que les mesures environnementales sont appliquées à grande échelle, et pas seulement dans l’optique de rendre un bâtiment plus efficace.
Quels sont les principaux défis des investisseurs en matière de mesure de la performance, ainsi que des impacts sociaux et environnementaux ?
Au niveau du portefeuille, il n’est pas évident d’attribuer les effets des facteurs ESG au rendement financier. Les facteurs E, S et G sont quelque peu liés, et la performance financière d’un portefeuille comporte de nombreuses variables.
Nous intégrons des analyses exclusives afin d’identifier les impacts de la durabilité d’une entreprise sur la société et les traduire en des termes financiers. Nous cherchons à quantifier la « valeur sociale » d’une entreprise en pourcentage de son chiffre d’affaires.