par Antonio Serpico, Gérant Senior chez Neuberger Berman
Compte tenu de l’environnement de rendement actuel, les investisseurs obligataires peinent à trouver des solutions appropriées pour placer leur trésorerie sur le marché européen. En effet, les fonds monétaires, qui restent le placement le plus courant, affichent des rendements négatifs depuis maintenant cinq ans. Quelles sont dès lors les autres alternatives possibles pour les investisseurs ?
Différentes solutions d’investissement peuvent aider à améliorer les rendements tout en visant un niveau de risque modéré.
Le crédit Investment Grade à court terme constitue par exemple une classe d’actifs intéressante pour la gestion des liquidités. Le crédit noté BBB avec une maturité à 5 ans connaît actuellement des rendements légèrement positifs, mais il offre avant tout un « roll-down » très attractif. Les obligations avec une maturité entre 0 et 24 mois ont de fait des rendements très faibles, en lien avec les décisions de la BCE. Mais, en allant plus loin sur la courbe, qui est assez raide, on observe que le « roll-down » des obligations sur la courbe est intéressant. Ainsi, une stratégie de « roll-down » active sur le crédit à court terme avec un repositionnement constant du portefeuille sur la meilleure partie de la courbe peut augmenter les rendements.
Par ailleurs, sur le segment du crédit court-terme, le phénomène des « rising-stars » regroupant les émetteurs qui viennent d’intégrer le marché Investment Grade, peut aussi s’avérer intéressant pour les investisseurs à la recherche de cash. L’essentiel étant que ces émetteurs ont tendance à ne pas être immédiatement revalorisés au niveau du marché Investment Grade, leur permettant d’avoir une longue période de surperformance relative par rapports aux autres émetteurs sur ce marché. Ce thème devrait animer les marchés du crédit sur les prochains mois, à mesure que les notations abaissées durant la crise du Covidreviennent à la normale.
Nous pouvons aussi mentionner ici les titres adossés à des actifs (ABS) européens de premier ordre qui sont très bien notés et offrent un rendement supplémentaire par rapport au crédit. Un positionnement structurel sur des ABS peut aussi être considéré comme une couverture naturelle à l’augmentation des taux, vu que ces obligations sont flottantes.
Au-delà du crédit, il reste de la valeur du côté de certaines obligations d’Etat sur la partie courte de la courbe. Par exemple, l’Italie avec son large marché obligataire et Mario Draghi comme nouveau Premier ministre, constitue un choix évident. De son côté, le Portugal est souvent négligé car l’obligation d’Etat génère un peu moins de rendement, mais ce pays présente moins de risque politique et fait partie des premiers bénéficiaires du fonds de relance approuvé en juillet. Enfin, lorsque cela est possible, les investisseurs peuvent se tourner vers les contrats futures et les options pour gérer de manière flexible la duration de leur portefeuille afin de saisir le mouvement des taux et d’éventuellement générer de l’alpha.