par François Pascal, Directeur de la gestion diversifiée chez Mandarine Gestion
A l’exception de courtes périodes de correction, les actions des pays développés et émergents se sont plutôt bien comportées en 2024, tirées par des économies plus robustes que prévu, les bons résultats des entreprises et la perspective d’un changement d’orientation progressif des politiques monétaires des banques centrales.
Les marchés des obligations ont connu des performances étales ou légèrement positives, tandis que lesmatières premières, globalement bien orientées, ont connu une forte volatilité et des disparités importantes.
Traduction du risque politique dans notre allocation
Les élections législatives françaises ayant finalement abouti à une majorité relative du Nouveau Front Populaire, il est désormais possible qu’un gouvernement incluant le centre gauche soit formé avec les partis centristes. Un scénario de crise est écarté à court terme, mais au sein de l’équipe diversifiée nous nous attendons à une éventuelle légère augmentation des minima salariaux et des impôts en France, ainsi qu’à une difficulté à réduire les déficits publics dans le pays. pour un portefeuille bien diversifié, ni la France, ni aucun pays ne constitue un enjeu crucial c. Il y a quelques semaines, les élections importantes au Mexique et en Inde ont abouti à des scores de vote qui n’ont pas été parfaitement anticipés par les sondages. Ces événements constituent souvent des épiphénomènes qui ne modifient pas nos vues stratégiques mais qui peuvent, temporairement, avoir un impact léger sur le portefeuille. Dans le futur proche, il y aura des élections importantes au Royaume-Uni et la fin de l’année sera bien sûr marquée par la campagne des élections présidentielles américaines.
Il est important de se rappeler que toutes les élections peuvent présenter des surprises et la récente décision du Président Macron de dissoudre l’Assemblée nationale en est un bon exemple.
Perspectives
Au moment où nous écrivons ces lignes, l’actualité en France focalise les esprits sur les probabilités des différents scénarios des élections, mais il nous semble que l’impact à moyen terme sur les actions européennes se situera en-dessous des craintes émotionnelles précédant le premier tour. Par ailleurs, les sociétés européennes présentent un intérêt à moyen terme en raison d’une valorisation relative qui nous parait plus attractive que celle de leurs homologues américains, même si l’Europe ne bénéficiera probablement pas d’une croissance économique et d’un dynamisme politique très forts. Ceci est encore plus vrai pour les petites entreprises dont l’écart de valorisation par rapport aux grandes s’est creusé depuis trois ans. De plus, nous pensons que la Banque centrale européenne vient d’enclencher en juin le début d’un lent cycle de baisse des taux qui devrait favoriser les petites valeurs européennes.
En dehors d’Europe, le marché américain nous paraît cher en absolu et en relatif par rapport au niveau des taux d’intérêt, malgré la capacité d’innovation permanente des sociétés. Le Japon et certains pays émergents sont intéressants. La Chine pourrait constituer une opportunité à court terme si les autorités politiques cherchent à soutenir leur économie et leur marché d’actions.
Nos investissements sur les obligations est aujourd’hui assez largement orienté sur des stratégies long-short de valeur relative qui nous permettent d’équilibrer les risques du portefeuille. C’est notamment le cas des stratégies liées à la déformation de la courbe des taux et aux points morts d’inflation. Nous détenons également une position vendeuse sur les obligations d’Etat françaises car le financement de la France pourrait constituer un point de vulnérabilité dans l’éventualité d’une mésentente persistante entre les différents groupes politiques au parlement. En revanche, nous considérons que les stratégies de valeur relative entre le crédit et les actions n’offrent aujourd’hui pas assez de rendement pour être implémentées en portefeuille et que le risque asymétrique est mal rémunéré.
Sur les matières premières, nous préférons aujourd’hui les métaux précieux qui s’adaptent souvent mieux aux surprises géopolitiques, aux phases de décélération de la croissance économique et à un contexte où l’inflation devrait rester sur des niveaux plus élevés que ceux atteints au cours des deux dernières décennies.