par Sandrine Boyadjian, Bénédicte Kukla et Werner Perdrizet, économistes au Crédit Agricole
En septembre, le net repli de la production industrielle allemande a surpris. En effet, l’indice de production industrielle a chuté de 2,7% m/m (après -0,4% en août), soit la contraction la plus forte depuis 2009. Le consensus Bloomberg avait tablé sur un recul de seulement 0,9%. C’est le secteur des biens d’équipement qui a enregistré le plus fort recul (-4,7% m/m après 1,1%), en ligne avec la chute des commandes industrielles enregistré en septembre (-4,3%).
Sur l’ensemble du troisième trimestre, la production industrielle a progressé à un rythme comparable à celui du trimestre précédent (de 1,7% t/t après 1,5%). Les perspectives s’assombrissent nettement pour la fin d’année dans un environnement de marchés délétère et face à une conjoncture européenne des plus incertaines. Cette crise de confiance peut pousser à des comportements d’extrême prudence de la part des ménages et des entreprises, préjudiciables à la croissance.
En septembre, la production industrielle a reculé de -1,6% m/m après + 0,5% m/m en août. La hausse de la production sur le troisième trimestre de 0,8% t/t (+ 3,4% en variation annuelle) semble s’être brutalement interrompue à l’automne. La plupart des composantes qui ont contribué au rebond industriel de ces derniers mois ont subi un contrecoup en septembre, avec un recul dans les secteurs suivants : « autres produits industriels » (+3,5% a/a et -1,9% m/m), « équipements électriques, électroniques, informatiques et machines» (+5,1% a/a et -3,1% m/m) et «matériaux de transport » (+1,6% a/a contre -0,2% m/m). A l’inverse, les industries agricoles et agro-alimentaires se sont stabilisées (+0% m/m) et continuent à progresser sur un an (+4,4% a/a).
Les activités de « cokéfaction et raffinages » et celles «extractives, énergie et eau» accusent un nouveau recul (resp. -11% a/a et 4,3% a/a). Dans l’ensemble, ce résultat conforte notre révision en hausse de la croissance du PIB au T3 de +0,2% t/t à +0,3 % t/t mais fait craindre un freinage brutal de l’activité en fin d’année.
La production industrielle italienne a reculé de 4,8% en septembre après le rebond marqué d’août (+3,9% m/m). L’activité manufacturière s’est contractée de 4,3%, tirée vers le bas par les secteurs des machines et équipements (-7,3% m/m) et celui du transport (-10,8% m/m). Le recul de la production d’électricité et de gaz est en revanche resté contenu (-0,2% m/m). Au total, l’activité industrielle a quasi-stagné au troisième trimestre 2011 (- 0,1% t/t après une hausse de 1,1% au deuxième trimestre). Ces résultats sont conformes à notre scenario d’une croissance modeste du PIB italien au T3 2011, à 0,2% t/t (après 0,3% au T2). Au-delà, les enquêtes réalisées auprès des industriels italiens (ISAE et PMI) signalent une poursuite du recul de la production initié en septembre. Cette tendance n’est pas particulière à l’Italie mais s’étend à toute l’Europe.