par Nicolas Magnac-Dajean, CFA, Senior Investment Specialist Multi Asset chez Nordea Asset Management
La hausse des taux a provoqué en 2022 un choc durable sur les marchés qui renforce l’attrait des stratégies de gestion par primes de risque. Dans cet environnement complexe, les solutions Total Return et Absolute Return non contraintes offrent aux investisseurs une diversification bienvenue pour affronter les vents contraires.
Dans un contexte inflationniste marqué l’an dernier par la forte hausse des taux et le premier krach obligataire sur la dette américaine en trois décennies, aucune grande classe d’actifs n’a échappé à la correction. Sur les marchés actions, la gestion « Value » a surperformé les valeurs de croissance de 23% en 2022, une rotation spectaculaire des styles de gestion qui n’avait pas été observé depuis l’année 2000 au début de l’éclatement de la bulle internet. La hausse des taux a pesé tout particulièrement sur les actions les plus risquées et chèrement valorisées.
L’année 2023 réserve ainsi bien des défis aux investisseurs en quête de rendement. Dans un environnement persistant de hausse des taux et de ralentissement de l’économie, les investisseurs averses au risque ont plus que jamais intérêt à privilégier des stratégies « macro-agnostiques » de type Absolute Return, visant à dégager un alpha absolu au-dessus du taux sans risque, et Total Return non-contraint pouvant générer une performance stable. En effet, l’intérêt de ce type de gestion diversifiée est de s’intéresser à la gestion du risque indépendamment des classes d’actifs et de proposer des portefeuilles offrant une faible sensibilité aux risques inflationniste, de hausses de taux et de récession, tout en garantissant un très haut niveau de liquidité.
Ces approches ont été adoptées par notre équipe Multi Assets depuis près de 17 ans, car nous considérons qu’il est empiriquement très difficile de faire constamment les bons paris macroéconomiques et de performer de manière stable dans le temps. Ainsi, la gestion du risque et de la liquidité doivent être le point de départ du processus d’investissement.
Nos solutions Alpha suivent une approche Absolute Return et exploitent près d’une trentaine de primes de risque issues d’un univers multi actifs (actions, obligations, devises). Les portefeuilles Alpha reposent sur deux principes : 2/3 gérés en balance des risques visant la meilleure allocation des primes de risque disponibles afin de réaliser une performance stable, et 1/3 alloué en stratégies directionnelles apportant davantage de performance au prix d’un peu plus de volatilité. Cette directionnalité est néanmoins relativement limitée grâce à une composante contrariante et une de suivi de tendances fondamentales tendant à être négativement corrélées par nature et à avoir des horizons d’investissement complémentaires. Ceci permet de garder une gestion de conviction diversifiée sur la durée.
Gestion alpha : priorité aux fondamentaux des entreprises
En mars, les tensions observées sur les valeurs financières suite à l’effondrement de la banque californienne SVB (Silicon Valley Bank) ont brutalement mis en lumière les conséquences néfastes des hausses de taux qui ont dégradé les bilans des banques et commencent également à impacter les économies développées dans leur ensemble. Ce violent rappel de l’importance de fondamentaux solides est venu conforter la philosophie des solutions Alpha, dont l’allocation action repose sur les risques et potentiels de croissance fondamentaux des sociétés afin de protéger les portefeuilles. Si les stratégies Alpha (Nordea 1 – Alpha 10 MA Fund et Nordea 1 – Alpha 15 MA Fund) n’ont pas vocation à surperformer les indices boursiers dans les phases de hausse, elles peuvent néanmoins capter une partie de ces mouvements haussiers. Dans les séquences de baisse, elles permettent en revanche de rester globalement à l’écart de la tendance générale, ce qui offre un attrait fondamental à ce type de stratégie dans la période actuelle. Les stratégies Alpha ont ainsi pu performer de manière consistante avec une volatilité modérée.
C’est également le cas de la stratégie Stable Return (Nordea 1 – Stable Return Fund), historiquement très performante lors des phases de stress fondamental des marchés. Cette stratégie de type Total Return (net longue) cherche à protéger le capital des investisseurs sur 3 ans en balançant le risque provenant de ses composantes défensives et procycliques. Au sein de l’allocation agressive, nous avons privilégié depuis 2018 une plus grande exposition au bêta des pays développés plutôt qu’à celui de leurs pairs émergents, ce qui s’est révélé bénéfique en limitant les chocs spécifiques (e.g. Chine ou Russie). Pour l’allocation défensive du portefeuille, nous avons renforcé et diversifié le risque sur la duration en privilégiant la duration américaine en raison d’un resserrement monétaire plus avancé outre-Atlantique. En effet, si la défiance entourant les banques secondaires américaines suite à la faillite de SVB a récemment contribué à faire baisser le rendement des taux longs américains, certaines stratégies obligataires retrouvent un potentiel de diversification attrayant.
Parmi les autres composantes anticycliques, privilégions également une exposition à l’anomalie des actions à faible risque, qui est constituée d’un panier d’actions stables (« Stable Equities ») aux fondamentaux solides et dont le risque de marché est couvert, permettant de fortement performer lors des crises fondamentales comme en 2022.
En effet, les « Stable Equities » présentent de nombreux atouts dans les marchés actions actuels, les investisseurs étant toujours confrontés à la gestion du risque inflationniste. Or, les « Stable Equities » ont cette capacité à offrir davantage de protection aux investisseurs grâce à de fortes barrières à l’entrée et d’un fort « pricing power » leur permettant de répercuter plus facilement les hausses de prix au consommateur final. Leur valorisation attractive et relativement modérée les rend également moins sensibles aux hausses de taux que ne le sont les valeurs chères et, ou très endettées. En outre, les « Stable Equities » sont moins sujettes aux révisions baissières de leurs bénéfices en ne capturant qu’environ 27% des révisions négatives de l’indice MSCI World, y compris en 2009 ou 2020.
Aussi, les stratégies flexibles et non-contraintes sont à même d’offrir une performance réelle (nette d’inflation) attractive dans un contexte où l’inflation érode la valeur des coupons obligataires et où les obligations à taux fixes affichent un rendement réel négatif.