par Benoit Jauvert, Président de la Financière de l'Oxer
Les tendances constatées sur les marchés financiers depuis le début du deuxième semestre 2012 se sont poursuivies en janvier. Portés par un accord trouvé in extremis aux Etats-Unis entre républicains et démocrates sur la falaise budgétaire, les indices débutaient l'année en fanfare avec une grosse séance de hausse avant d'évoluer dans un couloir de variation très serré. Les premières publications de bonne facture aux Etats-Unis envoyaient les marchés sur un plus haut de près de deux ans avant que la première estimation du PIB américain pour le compte du quatrième trimestre ne vienne jeter un froid sur les dernières séances de janvier.
Parmi les temps forts du mois de janvier, l'accord de justesse entre les républicains et les démocrates aux Etats-Unis sur le sujet du mur fiscal a retenu toute l'attention des investisseurs. Pour autant, cette entente de dernière minute ne résout pas tout puisqu'il n'a pas été décidé de l'avenir des coupes de dépenses automatiques. En effet, l'accord a minima a juste permis de repousser au 1er mars cette échéance. Le désaccord profond entre républicains et démocrates n'augure rien de bon et les coupes circuit pourraient se mettre en place début mars avec pour conséquence l'amputation de quelques points de croissance sur 2013 et 2014. En sus, la question du plafond de la dette n'est toujours pas réglée, le congrès américain ayant suspendu temporairement son dénouement en repoussant l'échéance au 18 mai. L'impasse de plus en plus avérée, fruit de ces dissensions politiques, pourrait conduire les agences de notation à dégrader la note souveraine des Etats-Unis, qui à ce jour est sous perspective négative.
Notre optimisme prononcé du printemps dernier devient de plus en plus tempéré. Tout d'abord, parce que comme tout cycle, le mouvement de hausse boursier initié depuis juillet 2012 pourrait logiquement s'essouffler et laisser place à une période de flottement.
Ensuite, parce que les promesses faites lors du sommet européen du 29 juin dernier devront se traduire dans des décisions et des actes concrets. Comme toujours, les marchés « ont payé pour voir », et ne seront certainement pas rassurés par un changement de cap ou un discours imprécis. Dans ce sens, l'échéance électorale en Italie fin février devient capitale.
Enfin, parce que la guerre des monnaies fait rage, et que l'intervention de certaines banques centrales pour rendre compétitive leur économie renforce la monnaie unique, ce qui affaiblit de facto les exportatrices de la zone euro.
Si nous continuons d'affirmer que les marchés actions restent certainement les plus rémunérateurs par rapport à des classes d'actifs moins risquées qui ne rapportent quasiment plus rien, notre prudence est renforcée pour les mois à venir. La hausse des indices ne peut être linéaire et continue, ainsi nous nous efforçons d'accroître notre vigilance et notre sélectivité afin de mieux traverser une éventuelle pause des marchés.