par Philippe Waechter, directeur de la recherche économique de Natixis AM
Le chiffre du marché du travail a été meilleur qu'attendu. Les destructions d'emplois ont été de -54 000 contre – 100 000 attendues. Compte tenu de l'effet toujours perturbant du recensement décennal c'est l'emploi privé qui est le plus regardé. Il ressort à +67 000 après +107 000 en juillet. Les attentes étaient voisines de 50 000. Cependant, même avec des chiffres meilleurs qu'attendus, la dynamique du marché du travail n'est pas suffisamment robuste pour rassurer rapidement les ménages américains.
Le premier graphique décompose les différents éléments du rapport de l'emploi. Les bâtonnets -0.10 représentent la contribution de chaque grand secteur à l'évolution mensuelle de l'emploi. On observe, en vert, la contribution d'abord positive puis négative des emplois liés au recensement (vert). La courbe violette représente l'évolution mensuelle de l'emploi total. Ce qui nous intéresse ce sont les autres composantes du graphique. Je les ai isolées dans le 2ème graphique. Les courbes montrent soit la contribution du secteur privé, soit la contribution à l'emploi total de l'emploi hors recensement (celui que l'on regarde habituellement quand il n'y a pas de recensement).
Ce qui est frappant sur ces courbes est la rupture de mai. La dynamique était bonne jusqu'en avril. Depuis elle est médiocre. Les créations d'emplois dans les services privés sont réduites et dans le secteur de la production de biens (construction et secteur -0.05 manufacturier) l'évolution est assez aléatoire.
Le marché du travail progresse trop lentement pour se rééquilibrer et envoyer un message positif à l'ensemble des acteurs économiques. Il y a néanmoins des informations plus positives sur ce marché du travail qui permettent de ne pas imaginer une rupture à la baisse de celui-ci.
Le premier élément est l'augmentation des heures travaillées. Sur le mois elles progressent de 0.3 % soit un rythme bien plus rapide que les créations d'emplois. Le second élément est la reprise de l'emploi temporaire. Le repli constaté (mais révisé depuis) de juillet avait étéune alerte.
Le troisième élément est le léger repli de la durée médiane du chômage. Cette durée était de 25.5 semaines en juin, elle est de 19.9 en août. La durée moyenne s'infléchit beaucoup moins rapidement.
Conclusion
Les signaux envoyés par le marché du travail reflètent toujours une situation macroéconomique très fragile. Les créations d'emplois sont très limitées et ne sont pas de nature à rassurer les ménages qui espèrent une amélioration du marché du travail pour relâcher les contraintes auxquelles ils sont soumis.
Néanmoins, l'économie ne plonge pas et c'est le sens que je donne aux évolutions plus positives sur les heures travaillées, le travail temporaire et la durée médiane du chômage. Cependant, il faudra de vraies mesures de soutien à l'activité pour que ce marché redémarre et permette une croissance auto-entretenue.
Les propositions d'Obama la semaine prochaine et la possibilité de nouvelles orientations par la Fed seront très attendues.