Vers une volatilité accrue des taux d’intérêt

par Eric Pictet, Directeur Général du bureau de Paris de MUZINICH & CO

La correction initiée en mai s’est poursuivie en juin, avec d’importantes corrélations observées au sein de plusieurs classes d’actifs. D’une manière générale, les actions internationales ont chuté et les obligations ont subi un mouvement de vente généralisé.

Les corrélations ont également été significatives au sein même du marché obligataire, comme le montre le très faible écart de performance entre les différents segments de notation. Seuls les leveraged loans ont surperformé, bénéficiant de leur caractéristique de taux variable et du faible risque de duration intrinsèque. Cette correction technique a été déclenchée par des sorties de capitaux des marchés obligataires suite à l’évolution des taux des bons du Trésor américains en mai. Elle ne s’explique donc pas par des difficultés liées au risque de crédit, dans la mesure où les fondamentaux du segment restent robustes et inchangés dans l’ensemble. Dans la mesure où cette correction s’explique par des facteurs techniques et non fondamentaux, il n’est guère étonnant qu’elle ait affecté l’ensemble des qualités de crédit. Le marché primaire européen, qui affichait jusqu’alors des volumes record de nouvelles émissions, a ralenti en mai. Le gisement futur semble cependant bien fourni.

Stratégie et perspectives

Aux Etats-Unis, les rendements et les spreads ont renoué avec des niveaux inégalés depuis l’été dernier. Les obligations de bonne qualité (BB et B) offrent actuellement un rendement de 6% à 7%. En Europe, les rendements des obligations d’entreprises ont augmenté entre 0,40% et 1,00% au cours du mois dernier.

Au sein de ces deux régions, les spreads ont atteint, ou sont proches de, leurs moyennes historiques de long terme. Les taux de défaut au cours des deux prochaines années devraient selon nous ressortir à 2%, soit en-deçà de leur moyenne de long terme d’environ 4%. Du fait de la vigueur des bilans des entreprises, les niveaux de spread actuels du high yield offrent, selon nous, un coussin de sécurité en cas de hausse des taux d’intérêt. À l’avenir, nous anticipons une volatilité accrue des taux d’intérêt aux États-Unis et dans une moindre mesure en Europe. Cette volatilité affectera probablement aussi bien les marchés obligataires que les marchés d’actions, essentiellement aux États-Unis. Aux niveaux de prix actuels, les investisseurs peuvent bénéficier de rendements courants attrayants.