2011 s’achève, que nous réserve 2012 ?

par Sylvain Broyer, économiste chez Natixis

L’année 2011 s’achève par un ralentissement généralisé de la croissance mondiale. Après un pic de croissance annuelle à +5,4% mi 2010, le PIB mondial n’augmente plus que de 3,7% annuel douze mois plus tard, encore un peu au dessus de son potentiel.

Les pays émergents ne se sont pas soustraits à ce ralentissement, largement anticipé puisqu’il exprime la fin des stimuli fiscaux et celle du cycle de restockage après la récession de 2008-2009, ainsi qu’un choc inflationniste par les matières premières. Sur la même période, l’inflation mondiale a en effet accéléré de presque deux points de pourcentage, pour atteindre 4,6% en septembre 2011.

Certains éléments ne pouvaient pas être anticipés. Ainsi, le tremblement de terre au Japon, stoppant les chaines de production dans plusieurs industries clefs, fut la cause d’un trou d’air cette année, conduisant à une contraction temporaire de 0,4% du commerce mondial au deuxième trimestre. Sur le plan financier, 2011 aura vu la crise souveraine européenne se durcir avec un quasi-défaut sélectif de la Grèce, le refus de la BCE de servir de prêteur en dernier ressort aux Etats, alors que la crise se propageait au delà de la périphérie à l’Italie, la France et la Belgique ; l’incapacité de la Commission Européenne à ériger un pare-feu crédible. Les banques européennes ont fait les frais de ce durcissement de la crise des dettes souveraines, les banques françaises connaissant même une vraie crise de liquidités en dollars (140 Mds USD retirés par les Fonds monétaires US) depuis cet été, ce qui a contraint les banques centrales du G7 à agir de façon concertée, en diminuant le coût des refinancements swaps en dollars, et la BCE de baisser les taux.

L’année s’achève sur un tableau assez sombre, où le risque de rationnement du crédit est tangible, les capitaux étrangers ressortent des pays émergents, et où des hypothèses extrêmes concernant la survie de l’UEM s’entendent.

2012 ne démarrera pas mieux. Le point d’interrogation principal tient à l’inclinaison des marchés à absorber les nouvelles émissions de dettes souveraines européennes, en particulier au premier trimestre alors que le Trésor italien devrait émettre environ 40% de ses besoins annuels.

Mais le second semestre pourrait s’afficher sous des auspices un peu meilleurs, lorsque le parapluie européen aura été ouvert. Nous n’attendons l’année prochaine que 0,3% de croissance en zone euro, 0,5% en France, une récession marquée en Italie (-0,6%), mais une croissance encore correcte en Allemagne (+0,9%). Alors que la périphérie n’a pas terminé sa cure d’austérité budgétaire, la France et l’Italie devront s’y mettre. Les perspectives pour l’investissement et l’emploi sont mauvaises.

Seule l’Allemagne, qui ne subit pas de contrainte de financement et voit sa demande domestique tirée par un fort investissement des ménages et une nouvelle hausse des salaires réels fait mieux. Parmi les autres nations du G7, le Royaume-Uni sera encore en croissance faible (+0,6%), la politique budgétaire britannique étant terriblement restrictive ; les Etats-Unis (+1,7%) seront toujours sevrés d’une reprise du crédit et bloquées par l’absence de consensus politique autour de questions fiscales importantes (pérennité des baisses d’impôts, limite sur la dette) et des élections majeures en novembre (président, un tiers du Senat et la totalité de la chambre des représentants). Les émergents feront mieux, mais sans s’affranchir de la faiblesse des grandes économies (3,3% de croissance au Brésil, 3,5% en Russie, 8,6% en Chine et 7,3% en Inde). Finalement, seule la désinflation et les stocks seront facteurs d’amélioration en cours d’année.

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